Fin de vie : l’inquiétude de l’Académie de médecine
10 mars 2015
Les députés débattent actuellement du projet de loi sur la fin de vie. ©Phovoir
Alors que l’examen de la proposition de loi Claeys (PS)-Leonetti (UMP) sur la fin de vie débute ce mardi 10 mars à l’Assemblée nationale, l’Académie nationale de médecine tient à rappeler ses recommandations. Elle insiste plus particulièrement sur l’importance de bien s’entendre sur la signification de la formulation « sédation en phase terminale ».
La proposition de loi des deux députés inscrit en son article 3 « l’assurance d’une mort apaisée du fait d’un droit des personnes à une sédation en phase terminale ». L’Académie de médecine fait part de son inquiétude sur les conséquences que pourrait avoir « une interprétation erronée, abusive ou tendancieuse, du terme sédation ». Les académiciens estiment en effet que « dès lors que la distinction entre les deux situations, fin de vie et arrêt de vie n’est pas précisée, toute disposition législative contraignante ouvre la voie à des dérives abusives voire condamnables ».
Pour la Docte assemblée, la fin de vie correspond au stade ultime de l’évolution d’une maladie et intervient après l’arrêt de tout traitement dans le but de refuser tout acharnement thérapeutique. L’arrêt de vie fait suite « à une demande volontaire à mourir alors que la vie n’est ni irrémédiablement parvenue à son terme, ni immédiatement menacée ».
Vers une euthanasie active ?
Cette distinction paraît essentielle aux yeux des académiciens. Lesquels affirment que « le qualificatif ‘terminal’ appliqué à la sédation profonde fait apparaître que son but premier n’est pas de soulager et d’accompagner le patient, mais de lui donner la mort ». Pour eux, « quand bien même il s’agirait seulement d’une aide au suicide, il s’agit d’une euthanasie active. Il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort. Aucun médecin ne saurait par la loi se voir contraint de transgresser ce principe ».
Par ailleurs, l’Académie regrette que perdure la méconnaissance ou l’indifférence, vis-à-vis des directives anticipées. Pour elle, il est nécessaire « d’en faire reconnaître l’intérêt et de favoriser le développement de cette pratique ». Nous reviendrons ces prochains jours sur le sujet.
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Source : Académie nationale de médecine, 9 mars 2015
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon