Flore intestinale de l’enfant : une barrière fragile
21 octobre 2002
Près de 100 000 milliards de germes peuplent le tube digestif. C’est tout un écosystème qui se met en place dès les premiers jours de la vie, chez le nouveau-né. Un vrai rempart, particulièrement exposé à cet âge précoce à tout ce qui peut remettre son équilibre en cause …
Organisés en une sorte de société hiérarchisée avec une flore dominante, une flore dominée, des hôtes de passage…, ces germes appartiennent à des espèces variées. Réunis, ils constituent – dans des conditions normales – un écosystème stable au fonctionnement harmonieux, qui détruit ou neutralise les germes pathogènes intrus et participe aux fonctions digestives.
Ils ne sont donc pas nuisibles, loin de là. Ils sont au contraire indispensables au fonctionnement normal de l’organisme. Il n’y a pas d’humain, – ni du reste d’animal doté d’un tube digestif – sans sa flore intestinale. Elle constitue en effet un organe à part entière, avec des attributions précises.
A la naissance de l’enfant, aucun germe n’est encore présent dans son tube digestif. Pourtant dès les premières heures de la vie « aérienne », l’exposition aux millions de germes de l’environnement favorise la colonisation de l’intestin. Elle commence très tôt. La flore qui se développe est au début peu variée, constituée de germes en petit nombre et une flore adulte ne s’établit qu’au bout de quelques mois.
Le temps qu’elle colonise l’intestin et s’installe, le nourrisson reste vulnérable à tout ce qui peut agresser un équilibre encore fragile : aux germes pathogènes puisque la flore intestinale est insuffisante pour constituer une barrière efficace contre leur irruption ; mais aussi aux antibiotiques, face auxquels elle est particulièrement vulnérable.
En partie parce que la barrière microbienne intestinale est insuffisante, l’enfant est plus exposé que l’adulte aux infections. Il est donc… plus volontiers traité par antibiotiques, avec le risque d’effets d’autant plus néfastes sur sa flore digestive qu’il est jeune ! Une diarrhée – parfois sévère – peut en résulter.
Pour l’éviter le médecin prescrira parfois, en même temps que l’antibiotique rendu nécessaire par l’état de l’enfant, ce que l’on appelle un médicament probiotique. Constitué de germes non pathogènes sélectionnés pour leur insensibilité aux antibiotiques, il va protéger le tube digestif, se substituant à la flore altérée par les antibiotiques et prévenant ainsi les troubles intestinaux.