Football : Bon sang de veau !
16 juin 2014
La polémique « Actovegin® » resurgit durant cette Coupe du Monde au Brésil. ©Phovoir
Pour l’équipe de France de football, la victoire 3-0 face au Honduras va sans doute éluder la polémique naissante entre le staff médical des Bleus et celui du Bayern de Munich, le club de Franck Ribéry. Le forfait du Français – officiellement pour lombalgie chronique – a mis en évidence des différences de protocoles médicaux entre les deux entités. Et ramené à la lumière l’Actovegin®, un « vieux » traitement à base de sang de veau, semble-t-il très utilisé en Bavière.
Une longue histoire… Ce médicament a fait la Une de l’actualité en 2000, durant le Tour de France cycliste. Des journalistes de France 3 avaient alors retrouvé des emballages de ce traitement dans des sacs poubelles jetés par l’encadrement de l’équipe US Postal. Celle de l’Américain Lance Armstrong.
Depuis, l’Actovegin® refait régulièrement parler de lui. Ce fut par exemple le cas lors de l’Euro 2008 avec le joueur français Patrick Viera. Blessé à la cuisse, il était entré en contact avec le Dr Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, le médecin du Bayern Munich, qui ne cache pas recourir régulièrement à l’Actovegin®, pour « soigner » des sportifs. Il l’a d’ailleurs récemment rappelé dans le cadre de cette affaire autour de Franck Ribéry.
De quoi s’agit-il ? L’Actovégin® est du sérum de veau déprotéiné et filtré. A l’origine, il était indiqué pour améliorer l’oxygénation cérébrale en cas d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique ou de traumatisme crânien. Depuis de nombreuses années donc, il serait aussi très utilisé dans le monde sportif. Et ce, sur la base d’une suggestion : s’il apporte en masse de l’oxygène dans les veines cérébrales, il peut exercer un rôle similaire dans les autres parties de l’organisme…
Autorisé ou pas ? Ce produit n’est pas autorisé en France. Mais l’Agence mondiale antidopage (AMA) ne le considère pas comme un dopant. « L’Actovegin® n’est pas interdit dans le sport hormis s’il est utilisé par perfusion intraveineuse », explique-t-elle sur son site Internet. Avant de préciser un peu plus loin : « Les injections intraveineuses sont autorisées si la substance injectée ne figure pas sur la liste des interdictions, si le volume n’excède pas 50ml et si les injections intraveineuses sont effectuées à des intervalles équivalents ou supérieurs à six heures ».
Sur le fond, l’AMA assure que l’Actovegin® « ne contient pas de cellules sanguines susceptibles d’augmenter le transport sanguin. Cette substance a été testée par des laboratoires antidopage et ni de l’hormone de croissance ni des hormones interdites n’y ont été trouvées ».
En association avec d’autres substances ? Elle ajoute enfin « être au courant de son utilisation dans certains sports, possiblement en conjonction avec d’autres substances qui pourraient être interdites ». Son recours révèlerait ainsi l’usage de dopants comme l’érythropoïétine (EPO), censée booster les performances aérobie (endurance…). Un cocktail explosif dont il est très difficile de connaître les effets secondaires à long terme, notamment.
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Source : jdd.fr, 14 juin 2014- Sport et Vie n°74
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Dominique Salomon