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Tous les parents cherchent à « bien faire » et, avant tout, à offrir une alimentation de qualité à leur bébé. Le magazine de 60 Millions de Consommateurs a examiné ces produits de près, et ce n’est pas toujours le cas : selon leur étude sur 165 produits alimentaires pour bébés, 58,2 % sont ultratransformés, avec des pics dans les desserts lactés, où l’ultratransformation atteint presque 100 %.
Les produits ultratransformés sont composés d’ingrédients reconstitués (farines raffinées, amidons modifiés, isolats, huiles recomposées…), élaborés avec de nouvelles technologies (comme l’extrusion, procédé industriel qui modifie la structure des aliments) et des substances ajoutées (émulsifiants, texturants, arômes), qui transforment la texture, le goût, la saveur ou la couleur, et assurent leur conservation. Or, si les études sur les conséquences négatives d’une alimentation ultratransformée chez l’adulte sont nombreuses, elles sont limitées chez l’enfant. Pour autant, celles qui ont été publiées associent les aliments ultratransformés à l’obésité, aux caries et aux maladies cardiométaboliques.
Le problème : aucun étiquetage ne permet de repérer facilement les aliments ultratransformés, puisque, comme le souligne l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), il n’existe pas encore de définition consensuelle de l’ultratransformation. Sans définition, pas de recommandation officielle… Or, en la matière, « on retrouve beaucoup de marqueurs d’ultratransformation dans l’alimentation infantile », dénonce Anthony Fardet, chargé de recherche en nutrition à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), interrogé par 60 Millions. On trouve par exemple des amidons modifiés, de la gomme de guar, des jus concentrés, etc.
Le paquet n’indiquant pas le degré de transformation des aliments, il faut alors scruter la liste des ingrédients : lécithine de soja, arôme naturel de vanille, extrait de malt d’orge… Ces ingrédients sont considérés comme des marqueurs d’ultratransformation (MUT). En général, peut-on lire dans le dossier de 60 Millions de consommateurs, tout composant absent d’une cuisine classique doit alerter le consommateur. Il s’agit souvent de MUT : amidons (de riz, de maïs, de blé…), correcteurs d’acidité, pectines de fruits, tartrate de potassium, arômes divers, ou encore de textures typiques de l’ultratransformation, comme les produits soufflés.
Certains marqueurs d’ultratransformation pourraient largement être évités, à l’image des jus de fruits concentrés, qui figurent dans un quart des produits étudiés et contribuent à un goût très sucré. Dans d’autres cas, les industriels invoquent des contraintes techniques. Exemple : dans les desserts lactés, la réglementation limite la teneur en protéines, d’où des préparations trop liquides. Pour qu’elles puissent être consommées à la cuillère, on ajoute des épaississants comme la pectine ou l’amidon. L’analyse de 60 Millions de consommateur prouve cependant que l’ultratransformation n’est pas un passage obligé et certaines marques s’y emploient (repas salés de la marque Simple Comme, Babybio, U tout petits…).
L’arrivée récente des « baby snacks » semble représenter le summum de l’ultratransformation (des céréales extrudées ultratransformées pour la plupart).
L’alimentation infantile est soumise à une réglementation stricte : 65 additifs y sont autorisés, (plus de 320 dans les produits destinés aux adultes). Les colorants sont interdits, les conservateurs fortement limités, et les pesticides très restreints. Autre point rassurant, l’industrie infantile doit respecter des normes précises pour répondre aux besoins physiologiques des enfants : teneur réduite en protéines, apports adaptés en lipides, fer et vitamine D, et faible teneur en sodium. Mais toutes ces exigences ne constituent pas pour autant un frein à l’ultratransformation, prévient 60 Millions.
Actualité récente, le 27 novembre dernier, le gouvernement a annoncé la publication de la Stratégie nationale alimentation-nutrition-climat, pour que les Français se nourrissent mieux d’ici 2030. Surprise : alors que les aliments ultratransformés (AUT) suscitent de plus en plus d’inquiétudes et que 43 scientifiques internationaux publient une vaste étude sur leurs effets sur la santé, aucun objectif de réduction des AUT n’est mentionné. Matignon, sous la pression des associations, assure ne pas avoir validé le document…

Source : 60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°231 - janvier/février 2026 ; sondage Talker Research en 2025, auprès de 2 000 parents américains.

Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Vincent Roche