Football et commotions cérébrales : faut-il interdire le jeu de tête ?
03 avril 2024
Dans une interview donnée à L’Equipe, le défenseur de Manchester United Raphaël Varane a alerté sur le risque de commotions cérébrales inhérent à la pratique du football. De nombreuses études s’étaient d’ailleurs déjà intéressées à la question.
Dans un entretien accordé au journal L’Equipe, le footballeur Raphaël Varane confie avoir été victime de plusieurs commotions cérébrales durant sa carrière… Et avoir rejoué quelques jours plus tard sans avoir été pris convenablement en charge.
Ainsi, après un traumatisme à la tête lors d’un match contre le Nigéria de la Coupe du Monde 2014, le défenseur explique qu’il était en « mode pilote automatique » et ne pas se souvenir « du match après ce choc ».
Des risques cérébraux
Les inquiétudes du footballeur semblent fondées. De nombreux travaux ont en effet pointé du doigt le risque de troubles neurologiques liés au jeu de tête dans ce sport. Déjà en 2016, des chercheurs de l’Université de Striling (Ecosse) avaient montré que les capacités de la mémoire pouvaient être réduites de 41 à 67 % durant les 24 heures suivant une séance de jeu de tête.
Mais plus récemment, en 2023, lors de la réunion annuelle de la Société radiologique d’Amérique du Nord, Michael L. Lipton, professeur de radiologie à l’Université de Columbia expliquait qu’il « existe une énorme préoccupation concernant les lésions cérébrales liées au football. Cette préoccupation concerne le risque de neurodégénérescence et de démence plus tard dans la vie ».
Plus de risques de développer une maladie neurodégénérative
Un travail qui fait écho à une autre publication de l’Université de Glasgow cette fois-ci et publiée en 2020, qui avait révélé que les anciens footballeurs professionnels étaient plus susceptibles de souffrir de démence et d’autres maladies neurologiques graves.
Dans cette étude, les auteurs avaient comparé les causes de décès de plus de 7 000 anciens joueurs de foot pro. Leur risque d’être victime d’une maladie neurodégénérative – Parkinson ou Alzheimer – était ainsi plus de 3 fois
supérieur à la population générale. Les scientifiques avaient à l’époque cité le cas de Jeff Astle, attaquant pour l’équipe de West Bromwich Albion et victime, à 59 ans, d’une maladie neurodégénérative. Après enquête, son décès avait d’ailleurs été requalifié en accident du travail. Le médecin légiste estimant que les traumatismes mineurs répétés avaient été la cause de son décès.
Dans son entretien le champion du monde propose de « limiter les têtes à l’entraînement » et « tout faire pour que le jeu de tête se déroule dans les conditions les plus sécurisées possibles ».
Interdire le jeu de tête aux plus jeunes
Raphaël Varane plaide en outre pour une meilleure sensibilisation, notamment auprès du jeune public. Elément déjà pris en compte de l’autre côté de la Manche, en Ecosse, où la Fédération nationale de football interdit tout simplement le jeu de tête avant l’âge de 12 ans !