Fracture de fatigue : quand l’os dit stop !
17 novembre 2023
Contrairement aux fractures « classiques », celle dite « de fatigue » n’apparaît pas à la suite d’un choc. La fatigue en question porte sur un os très (trop) sollicité et se manifeste par une lésion évoquant une fracture partielle ou complète.
Egalement appelée fracture de stress ou de contrainte, la fracture de fatigue est assez fréquente. Elle représenterait 10% à 20% des pathologies en médecine du sport. Mais comme l’explique Justine Martory dans sa thèse de médecine consacrée à ce sujet, « elle ne touche pas uniquement le marathonien ou les sportifs de haut niveau ». Elle est en effet susceptible de concerner « n’importe quelle personne, allant du joggeur du dimanche ayant augmenté son intensité sportive, au magasinier d’une entreprise contraint soudainement de faire le travail de deux personnes en passant par la femme de ménage constamment en mouvement ». Elle a d’ailleurs été décrite chez des militaires au terme de longues marches. Elle peut frapper ainsi jusqu’à 30% de l’effectif, au cours des premières semaines de l’instruction.
Os hyper-sollicité
Il n’existerait pas de définition consensuelle de la fracture de fatigue, « mais il est juste de dire qu’elle est une maladie d’adaptation de l’os à l’effort. Il s’agit d’une lésion, fracture partielle ou complète, d’un os sain par hyper sollicitation ». L’os n’étant en quelque sorte pas capable de supporter de nouvelles contraintes mécaniques et/ou une charge de travail supérieure.
De façon concrète, ces contraintes vont « engendrer une déformation de l’os », poursuit Justine Martory. Lorsque celles-ci s’arrêtent, « l’os peut reprendre sa forme initiale. Mais au-delà d’une certaine limite, une contrainte plus forte cause une déformation plastique avec une modification permanente de la forme de l’os due à des micro-fractures au sein de l’os. Si la contrainte s’intensifie, le nombre et la longueur de ces micro-fractures augmentent, jusqu’à donner une fracture plus ou moins complète ».
Incapacité prolongée…
Qu’elles touchent le tibia, le poignet ou encore le genou, les douleurs tendent alors à augmenter de façon progressive, jusqu’à devenir potentiellement importantes. D’où l’importance d’un diagnostic précoce pour limiter les lésions osseuses. « Une fracture de fatigue diagnostiquée tardivement peut être source d’incapacité prolongée, d’arrêts de travail répétés pendant des semaines, voire des mois », conclut la médecin.
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Source : Justine Martory. Les fractures de fatigue : connaissances, habitudes diagnostiques et difficultés des médecins généralistes haut-normands. Médecine humaine et pathologie.2018.
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet