France : 200 000 Français « malades » du jeu

19 septembre 2011

Environ 600 000 Français – soit 1,3% de la population tous âges confondus – auraient une relation « problématique » avec les jeux d’argent et de hasard. Ce chiffre pour le moins conséquent, ressort de la première étude jamais réalisée sur le sujet dans l’Hexagone.
Ce travail entre dans le cadre du Baromètre Santé 2010 auquel 25 000 Français de 18 à 75 ans (échantillon représentatif de la population) ont participé cette année. Parmi les questions auxquelles ils ont été amenés à répondre, toute une série sur les jeux de tirage, de grattage, les paris sportifs, PMU et autres jeux en casino.

Au total, 2 762 répondants ont été considérés comme des joueurs « actifs ». C’est-à-dire qu’ils avaient joué au moins une fois par semaine ou misé au moins 500 euros au cours des 12 mois précédant l’enquête. Transposée à la population générale, cette proportion de 12,2% signifie donc que la population des joueurs actifs se monte à 5,5 millions de Français. Ces derniers sont âgés en moyenne de 47 ans. Ce sont le plus souvent des hommes (62,7%), par ailleurs moins diplômés que la population générale. Plus d’un sur cinq (21%) n’a aucun diplôme, cette proportion ne dépassant pas 17% au niveau national.

Une large proportion d’entre eux n’a pas de « problème » avec le jeu. Malheureusement, ce n’est pas le cas d’une importante minorité – 600 000 Français soit 1,3% de la population. Parmi eux, 200 000 joueurs sont considérés comme « excessifs » et 400 000, comme « à risque modéré ». Ces derniers correspondent à des hommes et des femmes « répondant à des critères indiquant qu’ils peuvent se trouver en difficulté par rapport à leur conduite de jeu ».

Jeux excessif et produits psychoactifs: une relation forte

Plus préoccupant peut-être, « les résultats (de ce travail) font surtout apparaître un lien fort entre jeu excessif et consommation à risque de produits psychoactifs » :
– plus d’un joueur excessif sur quatre (26,3%) a une consommation d’alcool qui le place en situation de risque. A titre de comparaison, cette proportion n’excède pas… 3,2% dans la population générale ;
– la proportion des fumeurs s’élève à 64% parmi les joueur excessifs. Elle n’est que de 29% dans le reste de la population ;
– 6,1% des joueur excessifs ont consommé du cannabis au cours du dernier mois ; c’est pratiquement 40% de plus (4,4%) que dans la population générale.

En conclusion, les auteurs estiment qu’avec une prévalence de joueurs problématiques établie à 1,3%, « la France se situerait à un niveau relativement bas par rapport aux pays développés ayant déjà réalisé ce type d’enquête ». Il n’est pas inutile toutefois d’introduire un bémol à cette conclusion ‘rassurante’ : le travail en question ne tient pas compte en effet des joueurs en ligne, puisqu’il a été mené antérieurement à la Loi du 12 mai 2010, qui a ouvert à la concurrence et modifié la réglementation des jeux d’argent et de hasard en ligne…

De son côté, la Fédération Addiction – une association née de la fusion entre l’Anitea (Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie et Addictologie) et la F3A (Fédération des Acteurs de l’Alcoologie et de l’Addictologie) – met en garde: « nous devons veiller à préserver l’indépendance et les moyens d’agir de celles et de ceux qui doivent répondre aux problèmes posés par l’extension des jeux d’argent. Et faire face aux conséquences des excès qu’ils entraîneront ».

Aller plus loin : télécharger le rapport sur Les niveaux et pratiques des jeux de hasard et d’argent en 2010.

  • Source : OFDT/INPES, 15 septembre 2011 – Fédération Addiction, 19 septembre 2011

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