Fuites urinaires : en parler pour reprendre le contrôle

23 janvier 2017

L’incontinence urinaire n’a rien d’une fatalité. Néanmoins, de nombreuses femmes en subissent les conséquences dans leur vie sociale, professionnelle et même intime. Pourtant il est possible de mettre un terme à ce qui est une vraie souffrance au quotidien, considérée à tort comme banale. Les explications du Dr Carol Burté, andrologue et sexologue à Draguignan (Var).

L’incontinence urinaire se définit par une perte involontaire d’urines. « Il existe plusieurs types d’incontinence. La première, appelée incontinence d’effort se produit suite à une toux, un rire ou à un exercice physique. La seconde est baptisée urgenterie. Dans ce cas, les fuites surviennent lorsqu’un besoin mictionnel impérieux apparaît, la personne n’ayant pas le temps d’atteindre les toilettes. Ceci arrive alors que la vessie est pleine. Enfin, les spécialistes parlent d’incontinence mixte dès lors que ces deux formes sont associées ». Avec le temps, ces fuites s’installent et, au-delà de perturber les activités du quotidien, elles deviennent un sujet tabou.

Trop souvent passées sous silence, les fuites urinaires peuvent littéralement gâcher la vie des patientes. « Elles ont des répercussions importantes à tous les niveaux de vie des femmes. De peur d’avoir des fuites, de sentir mauvais, certaines s’imposent d’aller aux toilettes de manière très récurrente. Certaines peuvent en venir à ne plus oser sortir de chez elles, réduisant ainsi leurs activités et leur vie sociale », explique Carol Burté. Il faut savoir qu’une femme sur trois est concernée par des fuites urinaires. « C’est énorme. La prévalence augmente avec l’âge, mais ce problème est loin d’être rare chez les femmes jeunes, voire très jeunes et en particulier chez les sportives ».

Décider d’agir

Ces conséquences sur la vie des femmes sont accentuées par la difficulté d’oser en parler à leur entourage, voire à leur médecin. C’est pourquoi, nombreuses sont celles qui se résignent à porter des protections. « Or cela représente un coût important et peut même provoquer des irritations au niveau cutané. Pourtant, des solutions existent. »

« Après le diagnostic et la détermination du type d’incontinence auprès de son médecin, la première démarche est de prescrire une rééducation périnéale. »  En effet l’incontinence urinaire peut être due à un relâchement du plancher pelvien et du sphincter urinaire qu’il est important de re-muscler. « Les femmes ont la possibilité de suivre leur rééducation à domicile avec un appareil d’électrostimulation comme le KEAT. L’intérêt d’un tel dispositif médical est de permettre aux femmes de réaliser de façon régulière, simple et en toute intimité leur rééducation et de maintenir, à leur rythme, la tonicité de leur périnée. »

Retrouver confiance en soi

Les répercussions sur la vie des femmes sont lourdes et peuvent être sources de problèmes sous-jacents. Beaucoup de femmes souffrant de fuites urinaires vont par exemple éviter de s’hydrater, ce qui peut être un facteur d’infections urinaires. Vivre tout simplement devient une épreuve. Les conséquences sexuelles sont également à prendre en considération. La plupart des études réalisées sur ce sujet montrent qu’environ 40% des femmes présentant une incontinence souffrent de troubles sexuels. La peur des fuites entraîne un évitement des rapports sexuels, une perte de libido, une hyper vigilance pendant l’acte sexuel, incompatible avec le lâcher prise nécessaire. « Les troubles sexuels ont forcément une répercussion sur la sexualité du couple et peuvent aussi être à l’origine des problèmes relationnels de couple. Les femmes savent qu’attendre et ne rien faire n’est pas la solution. Briser ce cercle vicieux, retrouver confiance en soi et qualité de vie est possible » conclut le Dr Burté.

  • Source : Interview du Dr Carol Burté, 24 novembre 2016

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

Aller à la barre d’outils