Gastroplastie : des refus pour le moins discutables !

05 février 2003

Pour 90% des victimes d’obésité morbide, la gastroplastie est médicalement incontournable. Mais à la suite de quelques abus, l’essor de cette chirurgie se heurte aujourd’hui à des refus de remboursement que dénoncent plusieurs spécialistes.

Jusqu’à une date récente, 70% des dossiers soumis à l’entente préalable étaient approuvés. Or depuis septembre, « on constate une inversion totale de la tendance, avec des refus qui dépassent dans certaines régions 70% », affirmait mi-décembre les responsables d’un collectif réunissant 21 associations d’obèses.

Selon les termes du rapport « Chirurgie de l’obésité morbide de l’adulte », édité en juin 2000par l’Agence nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES), l’opération ne doit être envisagée que dans les cas d’obésité résistant aux traitements conventionnels. C’est-à-dire à un régime alimentaire et/ou médicamenteux prolongé depuis plus d’un an. L’indice de masse corporelle (IMC) doit être supérieur à 40 kg/m2. S’il existe des complications associées qui menacent le pronostic vital ou fonctionnel, un IMC de 35 kg/m2 est jugé suffisant pour justifier l’intervention. Enfin l’obésité doit être stable depuis au moins 5 ans.

A ces critères s’en sont ajouté d’autres : l’absence d’un cancer ou de maladie inflammatoire en évolution, de foyer infectieux intra abdominal ainsi… qu’une mauvaise denture. Pour le Pr Jean Mouiel, chirurgien digestif à Nice et membre du groupe de travail chargé des recommandations pratiques de l’ANAES, « la fronde des chirurgiens et des patients tient à ce que les règles – parfaitement justifiées par ailleurs – ont été mal traduites ». Il plaide ainsi pour « une interprétation médicale de ce consensus, une équipe pluridisciplinaire jugeant au cas par cas en fonction des facteurs de comorbidité. »

La réalité est tout autre. Avec ses 155 kg, Janine L. a connu un véritable parcours du combattant. Malgré une équipe soignante multidisciplinaire solidaire, elle s’est vue refuser son dossier d’entente préalable au motif que la motivation en était fallacieuse ! Il a fallu qu’elle soit victime d’une… embolie pulmonaire peu de temps après ce refus pour que la Caisse donne son accord ! Pourtant la balance bénéfice/risques laisse peu de doute, et c’est une hérésie que d’imposer une année de régime supplémentaire au malade… pour raisons administratives.

  • Source : Impact Médecine, n°22, p.44/45

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