Glyphosate : quels sont les risques pour la santé ?

21 septembre 2023

Bruxelles veut proposer aux 27 Etats membres de prolonger de 10 ans l’autorisation du glyphosate. Pourtant, l’herbicide, interdit en France pour les particuliers et restreint pour les agriculteurs, pourrait être dangereux pour l’Homme, selon plusieurs études.

L’herbicide controversé revient sur le devant de la scène avec une proposition de la Commission européenne qui provoque un tollé parmi les élus et ONG écologistes. Bruxelles veut en effet voir l’autorisation du glyphosate prolongée de 10 ans par les 27 pays membres.

Le glyphosate est la substance active de plusieurs herbicides dont le célèbre Roundup de Bayer (ex-Monsanto). En 2015, le Centre international de recherche sur le Cancer (Circ), dépendant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a placé le glyphosate dans la catégorie 2A de sa classification des agents pathogènes, soit « probablement cancérogène l’homme ».

Surrisque de lymphome non-hodgkinien

Le rapport du Circ précisait alors que le glyphosate avait été « détecté dans l’air pendant l’épandage, dans l’eau et dans l’alimentation ». S’il est indiqué que les indications sont limitées quant à la dangerosité du produit pour l’Homme, plusieurs études concernant des expositions professionnelles ont montré une augmentation des risques de lymphome non-hodgkinien. Chez les rongeurs, plusieurs études relayées par le Circ montraient une augmentation des risques pour plusieurs tumeurs.

Un rapport de l’Inserm de 2021 confirmait le risque accru de lymphome non hodgkinien, avec une présomption moyenne. Le rapport pointait en outre la génotoxicité du glyphosate – substance capable d’entraîner un dysfonctionnement du génome et de l’ADN impliquant un stress oxydatif pour les cellules. D’autres surrisques étaient évoqués, comme le myélome multiple et les leucémies mais les résultats étaient alors moins solides.

Pas de principe de précaution

Le glyphosate reste, malgré la mise en garde du Circ, l’herbicide le plus utilisé au monde. Dans sa proposition, la Commission européenne s’appuie sur un rapport publié en juillet 2023 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Il y est écrit que « l’évaluation de l’impact du glyphosate sur la santé humaine, la santé animale et l’environnement n’a pas identifié de domaine de préoccupation critique ». 

L’EFSA souligne toutefois que des questions restent en suspens comme la toxicité de l’un des composants, le risque alimentaire pour les consommateurs et les risques pour les plantes aquatiques. Ainsi, « compte tenu des risques largement documentés pour l’environnement et la santé humaine, il est plus qu’urgent d’appliquer le principe de précaution inscrit dans les textes européens et la Constitution française pour en finir avec le glyphosate et amorcer enfin une vraie transition agricole et alimentaire », avaient réagi dans un communiqué commun une trentaine d’ONG environnementales dont Agir pour l’environnement.

La proposition de la Commission européenne, formulée le 20 septembre, sera étudiée ce vendredi, les 27 se prononceront pour ou contre en octobre.

  • Source : Inserm, pesticides et effets sur la santé : nouvelles données, 2021 – EFSA, Glyphosate : pas de domaine de préoccupation critique ; identification de lacunes dans les données, 6 juillet 2023 – Centre Léon Bernard, publication du Circ, sur la cancérogénicité du glyphosate, 2025  

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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