Grâce au lysozyme, nos larmes ont du mordant…

24 janvier 2012

Saviez-vous que les larmes renfermaient un puissant… antibiotique, le lysozyme ? Ce n’est pas vraiment une nouveauté, puisque les bienfaits de cette protéine un peu particulière ont été mis au jour par Alexander Fleming en 1922. Quatre vingt dix ans plus tard, une équipe américaine vient enrichir le travail du Prix Nobel de médecine 1945 – n’oublions pas que Sir Alexander Fleming découvrit « aussi » la pénicilline – en décrivant le mécanisme grâce auquel le lysozyme détruit les bactéries.

Au-delà du résultat même de ce travail, la technique utilisée pour y parvenir est novatrice. Le Pr Phil Collins et son équipe de l’Université de Californie à Irvine (Etats-Unis) se sont plongés dans l’infiniment petit. Ils sont parvenus à décoder le comportement du lysozyme en l’attachant à un nouveau dispositif : un transistor à nanotube de carbone.

« Le lysozyme est une molécule minuscule, impossible à voir à l’aide d’un microscope classique », nous a expliqué le Pr Collins. « Nous avons donc utilisé cette nouvelle technologie. Nous avons couplé la molécule à un circuit électronique qui joue le même rôle que les microphones de nos téléphones portables par exemple ». Les scientifiques se servent ainsi du courant électrique pour étudier – et écouter – les mouvements de la protéine. « C’est un peu comme utiliser un stéthoscope pour écouter le cœur », ajoute l’auteur. Un peu surprenant, non ?

Surprise, les scientifiques ont d’abord constaté que les molécules de lysozyme étaient dotées de… mâchoires. Celles-ci « s’accrochent à la bactérie, la mordent plusieurs fois un peu à la manière que nous avons de manger un épi de maïs ». Autrement dit, le corps étranger en question n’a aucune chance de s’en sortir… « C’est ainsi que cela se passe à chaque fois qu’une bactérie essaie de pénétrer dans nos yeux et de les infecter », conclut l’auteur.

Aller plus loin :
Visualisez le fonctionnement de ce transistor à nanotube de carbone (vidéo en anglais).

  • Source : Science, Vol. 335, n°6066, pp.319-324 – Interview du Pr Phil Collins, 20 janvier 2012

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