Grands prématurés : une musique sur mesure pour aider leur cerveau à se développer

17 juin 2019

Le cerveau des nouveau-nés grands prématurés n’est pas encore mature. Exposé à des stimuli inadaptés à son développement, l’enfant risque de développer des troubles neuropsychologiques. Afin de favoriser le développement des réseaux neuronaux, une équipe suisse a fait appel à un compositeur de musique.

Les enfants nés très prématurément présentent un risque élevé de développer des troubles neuropsychologiques parmi lesquels des troubles de l’apprentissage, de la concentration ou de la gestion des émotions. En effet, « à leur naissance, le cerveau de ces bébés est encore immature », souligne la Pre Petra Hüppi, médecin-cheffe du Service de développement et croissance des HUG et principale auteure de ce travail.

« Le développement cérébral doit donc se poursuivre aux soins intensifs, en couveuse, dans des conditions [inadaptées]. » Dans ces structures de soins intensifs, « les portes s’ouvrent et se ferment, les alarmes se déclenchent… » Par conséquent, « leur immaturité cérébrale, alliée à un environnement sensoriel perturbant, explique le fait que les réseaux neuronaux ne se développent pas normalement. »

Flûte indienne, harpe et clochettes pour bébés prématurés

Pour contrer ce phénomène, les chercheurs genevois ont eu une idée originale : compenser l’effet des stimuli perturbateurs par une musique agréables et structurante. En effet, « le système auditif étant fonctionnel tôt, la musique est apparue comme un bon candidat ». Mais toutes les musiques ne correspondent pas à ces critères. « Nous avons rencontré, un peu par hasard, le compositeur Andreas Vollenweider, qui avait déjà mené des projets musicaux avec des populations fragiles et qui s’est montré très intéressé à créer une musique adaptée aux enfants prématurés », raconte Petra Hüppi.

Après avoir déterminé les instruments de musique les plus adaptés, le compositeur a donc mis au point trois environnements sonores de huit minutes chacun, composés de morceaux de punji (flûte indienne des charmeurs de serpents), de harpe et de clochettes. Objectif, « structurer la journée avec des stimuli plaisants présentés à des moments adaptés : une musique pour accompagner l’éveil, une pour l’endormissement et une pour interagir durant les phases d’éveil ».

Le résultat s’est avéré aussi surprenant qu’efficace. Réalisée en double aveugle*, l’étude montre que les réseaux neuronaux des enfants ayant entendu la musique d’Andreas Vollenweider se sont trouvés améliorés de manière significative.

A noter : Les premiers enfants enrôlés dans le projet ont aujourd’hui 6 ans, âge auquel les troubles cognitifs commencent à être détectables. Les scientifiques vont maintenant pouvoir réaliser une évaluation cognitive et socio-émotionnelle pour valider l’efficacité de la méthode musicale.

*avec un groupe de prématurés qui a écouté la musique, un autre groupe de prématurés contrôle, ainsi qu’un groupe d’enfants nés à terme

  • Source : Université de Genève, 27 mai 2019

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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