Greffe de neurones : une semaine avant d’opérer
28 février 2017
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En 2007, une équipe française avait montré que la transplantation de cellules nerveuses était possible chez de nombreuses espèces pour réparer du tissu cérébral lésé. Dix ans plus tard, ces mêmes scientifiques ont prouvé que le moment de l’intervention est primordial pour une récupération optimale. En fait, il conviendrait d’attendre une semaine après la survenue de la lésion. Cela mérite bien un petit éclairage…
Le cerveau n’est pas un organe comme les autres. Il ne possède pas des capacités de régénération. Ainsi, des blessures importantes du système nerveux central, suite à un accident par exemple, laissent chez les patients de séquelles lourdes.
Et si les thérapies cellulaires changeaient la donne ? En effet, il y a 10 ans, l’équipe d’Afsaneh Gaillard* a montré que le cerveau de souris adulte pouvait être réparé par une transplantation de cellules nerveuses, immatures mais de même nature que celles du tissu lésé. En fait, ces neurones une fois transplantés étaient capables de survivre, de s’intégrer dans les réseaux de neurones existants et même de reconstruire les voies endommagées, corticales et sous-corticales. « Si ces résultats ont d’abord suscité l’incrédulité, ils ont depuis été confirmés sur d’autres espèces animales », lance Afsaneh Gaillard.
Une question de timing
Cette même équipe vient de publier de nouveaux travaux qui complètent le précédent. Les scientifiques ont cherché à savoir dans quels délais une telle opération peut être effectuée avec un succès optimal. Ils ont donc réitéré leur première expérience en testant plusieurs délais, de quelques jours à plusieurs mois.
Résultat : « la transplantation s’avère beaucoup plus efficace si elle est réalisée une semaine après la lésion », expliquent les auteurs. « La vascularisation du greffon est alors plus importante que lorsque la transplantation a lieu immédiatement (…) Le nombre de neurones survivants est beaucoup plus grand et les projections vers les zones cibles sont plus rapides et nombreuses. Enfin, l’étendue de la réparation du tissu est nettement plus importante et la récupération fonctionnelle, mesurée par des tests comportementaux, est beaucoup plus complète. »
« L’existence d’un délai avant la greffe donnerait le temps de préparer les neurones nécessaires à la transplantation, que ce soit à partir de cellules fœtales ou de cellules somatiques du patient reprogrammées », se réjouit Afsaneh Gaillard.
*Unité Inserm 1084, Laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques, Université de Poitiers