











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » Grippe A(H1N1) : une campagne de vaccination inefficace et coûteuse
Peu de vaccinations. En effet, au 1er juin 2010, seules 5,36 millions de personnes ont été vaccinées, soit moins de 8,5 % de la population totale. Selon la Direction générale de la Santé, le nombre de deuxièmes doses qui ont été injectées s’établirait à… 563 299. Un chiffre extrêmement faible !
Pourquoi avoir oublié les médecins ? Pour Didier Tabuteau, conseiller d’État et directeur de chaire Santé à l’Institut d’études politiques de Paris, la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1) a été un « rendez-vous manqué avec la santé publique » dans la mesure où elle « a ravivé les tensions entre médecins et pouvoirs publics ». Selon Claude Le Pen, professeur de sciences économiques à l’Université de Paris-Dauphine, si une nouvelle campagne massive de vaccination devait être envisagée, « on n’écarterait sans doute pas du dispositif l’extraordinaire potentiel que constituent les 50 000 médecins libéraux, les 60 000 infirmières, les 3 000 hôpitaux et les 22 000 officines du pays ».
Quel coût ?. D’après les données fournies par le ministère de la Santé, le coût final de la campagne de vaccination se situerait autour de 600 millions d’euros. Il serait donc deux fois et demi inférieur aux prévisions initiales de l’ordre de 1,5 milliard d’euros. Les résiliations de contrats auprès des laboratoires Sanofi-Pasteur et Novartis qui ont fourni les vaccins auront coûté… 12,46 millions d’euros. Sans compter la commande la plus importante a été passée avec GlaxoSmithKline. Ce dernier demande en effet la somme de… 108,53 millions d’euros pour 32 millions de doses annulées.
Trop de vaccins gaspillés. Selon le rapport, 3,5 millions de doses ont été perdues à cause de problèmes de logistique. Ce n’est pas tout, 12 millions de vaccins non utilisés seront périmés en septembre et 9 autres millions le seront entre mars et novembre 2011. Un vrai gâchis !
Et les autres pays ? « Si la campagne de vaccination française peut apparaître comme l’échec d’une entreprise de santé publique, celui-ci est loin d’être isolé », précise le rapporteur. « Peu de pays – en dehors de la Suède, du Canada et dans une moindre mesure des États-Unis ont réussi à mobiliser leur population et à susciter une adhésion massive à la vaccination ».
Une réponse gouvernementale disproportionnée ? A cette question, le rapport met en avant le principe de précaution. « Les incertitudes concernant la contagiosité, la virulence et les caractéristiques du virus étaient telles au printemps que la décision des autorités publiques de procéder à l’acquisition massive de vaccins, dans l’objectif de pouvoir proposer la vaccination à l’ensemble de la population, n’apparaît pas excessive. Si elle apparaît telle aujourd’hui, c’est précisément a posteriori, parce que les données virologiques et épidémiologiques ont été affinées. »
Pour aller plus loin : lire l’intégralité du Rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la campagne de vaccination antigrippale 2009.
Source : Rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la campagne de vaccination antigrippale 2009, 13 juillet 2010
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