Grippe aviaire : intrigant et inquiétant H7N9
12 avril 2013
Réunion au sommet au Bureau régional de l’OMS pour le Pacifique occidental autour de la menace A/H7N9. ©OMS/WHO
Le virus aviaire A/H7N9 tarde à se dévoiler. Le centre européen du contrôle et de la prévention des maladies (ECDC) s’interroge sur « ces cas sporadiques » et sur l’absence de véritable « flambée » épidémique. L’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) évoque une situation « assez exceptionnelle ». Quant à l’OMS, elle pourrait bientôt cesser la communication de ses rapports épidémiologiques quotidiens. Au 13 avril (11h00), 6 nouveaux cas étaient rapportés. Ce qui porte le total à 44, dont 11 mortels. Mais le fait du jour est la survenue d’un cas à Pékin. Il s’agit du premier confirmé en dehors des 4 provinces chinoises jusqu’ici concernées.
Dans le dernier Eurosurveillance – bulletin d’information européen sur les maladies infectieuses – l’ECDC dresse un état des lieux peu rassurant. Et pour cause, les autorités disposent encore de très peu d’éléments concrets sur le comportement de ce virus. Sans compter que son « réservoir » reste inconnu.
L’ECDC confirme toutefois que sur un plan génétique, A/H7N9 a évolué ces derniers temps. A tel point qu’ « il possède aujourd’hui des marqueurs connus pour être capables de se répliquer chez le mammifère ». Autrement dit, le virus a évolué de façon favorable à une transmission interhumaine. Mais pour le moment, l’OMS insiste sur ce point : « aucun cas de ce type n’a été constaté ».
Deux cas qui posent question… Actuellement, A/H7N9 a été retrouvé sur des marchés dans 4 provinces chinoises limitrophes : Shanghai, Anhui, Jiangsu et Zhejiang. Toutes sont situées à l’est du pays. Un cas a aussi été rapporté ce 13 avril à Pékin mais l’OMS ne modifie pas son niveau de risque pour autant. Pour l’heure, « seules » 44 personnes ont donc été touchées. Mais « aucun lien épidémiologique entre tous ces cas n’a été recensé ».
Tous ont été en contact rapprochés avec des animaux (volailles) infectés… à l’exception d’au moins deux. L’ECDC rapporte en effet la situation de deux hommes de 87 et 27 ans, décédés et qui n’ont pas de « lien connu avec des animaux malades. L’un d’eux était charcutier ». Autrement dit, il travaillait le porc. Le détail a peut-être son importance dans la mesure où cet animal est « un shaker », nous confiait récemment le Dr Maude Bouscambert-Duchamp, virologue au Centre national de Référence de la Grippe (CNR) à Lyon. « L’on y observe régulièrement des mélanges de virus qui donnent naissance à de nouveaux, potentiellement transmissibles à l’homme »…
Des volailles infectées mais sans symptômes… Quant à l’analyse de l’OIE, elle n’est pas non plus très rassurante. L’agence « souligne le caractère exceptionnel de l’événement Influenza A/H7N9 ». Elle ajoute que « les volailles testées comme positives à la présence d’H7N9, et suspectées d’être à l’origine des cas humains recensés, ne montrent pas de symptômes visibles. Ce qui rend la détection de ce virus très difficile chez les volailles ».
Comme nous l’explique le Dr Bouscambert-Duchamp, « en fait, les virus aviaires sont généralement pathogènes pour les volailles domestiques et non pour les oiseaux sauvages. Etant donné que ces derniers, migrateurs en général, ne meurent pas de leur infection, ils peuvent donc la disséminer plus intensément. Cette situation est donc plutôt problématique ».
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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Source : Eurosurveillance, Vol 18, Issue 15, 11 avril 2013 - OIE, 11 avril 2013 - OMS, 11 avril 2013 – OMS, 13 avril 2013 – Interview du Dr Maude Bouscambert-Duchamp, 12 avril 2013