Grippe aviaire : les craintes d’une mutation

08 avril 2013

En Chine, un contact étroit et prolongé avec des volailles favorise le risque de transmission du virus aviaire A/H7N9. ©Brennon Jones/IRIN

Trois nouveaux cas de grippe aviaire A/H7N9 ont été confirmés ce dimanche, en Chine. Ils portent à 21 le nombre de cas, dont 6 mortels. L’OMS et les autorités chinoises enquêtent pour retrouver le réservoir du virus, lequel ne se transmet pas d’homme à homme. Pour le moment en tout cas…

Un nouveau virus grippal. Les souches de sous-types A/H7 sont bien connues des scientifiques. Elles circulent couramment parmi les oiseaux. « Ce H7N9 est nouveau ». nous explique le Dr Maude Bouscambert-Duchamp, virologue au Centre national de Référence de la Grippe (CNR) à Lyon.

« Par le passé, nous avons recensé plusieurs épizooties de type A/H7, notamment au Canada et aux  Etats-Unis ». Elle cite également un épisode aux Pays-Bas en 2003 avec un sous-type de virus aviaire : le H7N7. Quatre-vingt-neuf cas de transmission humaine (un décès) avaient même été observés. Des mesures sanitaires drastiques étendues à toute l’Europe avaient toutefois permis de circonscrire le foyer.

Concernant cet épisode H7N9, la spécialiste se montre rassurante : « pour le moment, il est très localisé et concerne un nombre relativement restreint de cas. Mais il convient de le prendre au sérieux, comme le fait l’OMS bien-sûr et les autorités chinoises. Tout simplement parce que les pandémies démarrent toujours de cette façon ».

Réservoir bird ? Le réservoir du virus fait actuellement l’objet de nombreuses recherches. « Pour l’heure, le risque concerne vraiment les personnes en contact étroit et prolongé avec un animal contaminé », poursuit Maude Bouscambert-Duchamp. « La semaine dernière, H7N9 a été détecté chez des pigeons sur un marché de Shanghai. C’est une piste. » Au même titre, il pourrait également être trouvé chez des oiseaux migrateurs puisque les virus aviaires se transmettent facilement entre les différentes espèces d’oiseaux.

Les acteurs de la vigilance guettent surtout les premiers signes d’un scénario catastrophe, qui verrait ce virus évoluer et se transmettre d’homme à homme. « Il faut savoir que plus il va infecter d’hommes, plus sa propension à s’y adapter sera grande », poursuit le Dr Bouscambert-Duchamp .

Une mutation ou un réassortiment ? Le risque d’apparition d’une mutation du virus existe ainsi que l’émergence d’un nouveau virus par réassortiment :

  • chez l’homme : « il faudrait alors qu’une même personne soit infectée par un virus grippal classique et un virus aviaire. C’est un des scénarii les plus redoutés mais la probabilité qu’il survienne est assez faible »;
  • chez le porc : les virologues considèrent cet animal comme un « shaker » ! Et pour cause, « l’on y observe régulièrement des mélanges de virus qui donnent naissance à de nouveaux, potentiellement transmissibles à l’homme ». C’est pourquoi, en cas de flambée de grippe aviaire, le porc est aussi sous étroite surveillance.

Ecrit par : David Picot

  • Source : Interview de Maude Bouscambert, 8 avril 2013 – OMS, 7 avril 2013

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