Grippe aviaire : l’argent coule à flots

19 janvier 2006

Jackpot à Beijing où la Conférence internationale sur la grippe aviaire a rassemblé près de 2 milliards de dollars pour un plan mondial. Soit 700 millions de plus que l’objectif initial fixé par la Banque mondiale. Bien des ombres demeurent toutefois.

Les sommes engagées atteignent 1,9 milliard de dollars -soit 1,6 milliard d’euros n.d.l.r.-“, a annoncé Markos Kyprianou, le Commissaire européen à la Santé. Il a d’ailleurs pris bien soin de préciser qu’il ne “s’agissait pas de charité, mais de solidarité et d’autodéfense“.

Selon la Banque mondiale, “900 millions de dollars correspondront à des prêts, le milliard restant sera mis à disposition sous forme de subventions aux Etats“. L’Union européenne s’est engagée bien au-delà des 100 millions de dollars annoncés, promettant en fait quelque 260 millions. Les Etats-Unis de leur côté ont proposé “des dons et des assistances techniques” dont le montant avoisinerait 334 millions de dollars. Et le Japon promet 159 millions. Toutes ces sommes viennent s’ajouter aux 500 millions de dollars de crédits déjà mis à disposition des pays par la Banque mondiale.

Trop d’argent ? Pas du tout affirme Kofi Annan, le Secrétaire général des Nations unies. A ses yeux, “ces sommes sont faibles comparées au coût d’une pandémie à laquelle nous ne sommes pas préparés“. Une pandémie dont le coût économique et financier pourrait se chiffrer à 800 milliards de dollars, selon les dernières estimations de la Banque mondiale.

En France, gare au grain de sable…

Sur le terrain, les autorités chinoises annonçaient au même moment la mort par H5N1 -survenue le 11 janvier dernier- d’une jeune femme de 35 ans dans la province du Sichuan, dans le Sud-Ouest du pays. Toujours en Asie, le ministère indonésien de la Santé à Djakarta, faisait état hier matin de la mort suspecte d’un enfant de 13 ans à l’Ouest de Java. Des analyses sont en cours dans un laboratoire de Hong Kong agréé par l’OMS. Depuis 2003, au moins 80 personnes auraient déjà succombé à la forme humaine de la grippe aviaire. Dont 7 au cours des 15 derniers jours, en y incluant les 4 décès observés en Turquie.

La “vieille” Europe poursuit sa préparation. La France aussi bien sûr : Constitution de stocks stratégiques, commandes de vaccins qui n’existent pas encore, mise en place de sites d’information… Mais des voix s’élèvent, ici ou là, pour dénoncer le grain de sable qui pourrait gripper la machine. Les médecins de ville, ceux-là même qui devront prendre en charge les malades éventuels, leurs familles et leurs proches, affirment qu’ils n’ont été ni préparés à une éventuelle pandémie, ni associés en rien à tous ces préparatifs !

Deux syndicats de médecins généralistes, la Confédération syndicale des Médecins de France (CSMF) et MG France, se considèrent comme les oubliés du plan de prévention et de lutte gouvernemental. Pour Michel Chassang, Président de la CSMF, “s’il y a vraiment 20 millions de cas comme l’a annoncé l’Institut de Veille sanitaire, chaque médecin de ville devrait en recevoir plusieurs dizaines par jour. Les médecins libéraux seront donc en première ligne. Seules les complications concerneront l’hôpital. Les services de l’Etat doivent nous associer davantage au plan de lutte. Des formations seront-elles prévues ? Il faudrait vraiment commencer à discuter de tous ces aspects“.

Cet appel aurait-il été entendu? Le ministère de la Santé diffusait tard dans l’après-midi de mercredi un communiqué annonçant qu’une réunion avec les Unions régionales de Médecins libéraux s’était tenue dans la journée. Il annonçait également que 5 groupes contacts avaient été mis en place dès le 10 novembre 2005: prise en charge à domicile, recours aux établissements de santé, mise à disposition des produits, formation des professionnels de santé et information et communication vers le grand public.

  • Source : Banque mondiale, ONU, The Jakarta Post du 18 janvier 2006, Interview du Dr Michel Chassang, CSMF.

Destination Santé
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous offrir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre quelles sections du site Web vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur notre politique de cookies sur nos CGU.

Aller à la barre d’outils