Grippe saisonnière : le pharmacien, nouvel acteur de la vaccination

24 octobre 2017

La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière est lancée. Nouveauté cette année, les pharmaciens peuvent vacciner dans deux grandes régions : Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine. L’enjeu ? Augmenter la couverture vaccinale de certaines populations à risque de complications sévères afin de réduire le nombre d’hospitalisations et de décès.

La grippe saisonnière est une maladie virale très contagieuse, à prendre au sérieux. L’épidémie, qui survient chaque année au cours de l’automne et de l’hiver en France métropolitaine touche entre 2 et 6 millions de personnes. La grippe est une maladie qui peut être grave, notamment chez femmes enceintes, les personnes âgées de 65 ans et plus et les personnes atteintes de certaines maladies chroniques comme le diabète et ce, quel que soit leur âge. Plus de 90% des décès liés à cette affection surviennent chez des personnes âgées de 65 ans et plus : en moyenne 9 000 décès par an.

« L’an passé l’épidémie a été due quasi exclusivement au virus A (H3N2) », explique le Pr Bruno Lina, virologue et responsable du centre national de référence sur la grippe à Lyon. « Elle a touché environ 1,9 million de personnes en France, ce qui n’a rien d’extraordinaire en nombre de cas », précise-t-il. En revanche, elle a été particulièrement sévère, auprès des populations les plus fragiles, notamment les patients âgés de 80 ans et plus. Au total, plus de 40 000 passages aux urgences pour grippe ont été évalués avec une proportion extrêmement importante d’hospitalisations et une mortalité élevée : 14 000 décès ont été attribuables à la grippe.

Deux jours d’incubation

La grippe se transmet par voie aérienne : projection de sécrétions par les postillons, la toux ou les éternuements, par contact rapproché avec une personne malade, ou par contact avec les mains ou des objets contaminés (poignée de porte, couverts…) Après la contamination, la maladie se déclare sous 48h en moyenne. Les personnes infectées restent contagieuses jusqu’à cinq jours après le début des premiers signes. Et même jusqu’à sept jours chez l’enfant.

Vaccin et mesures-barrières

« La vaccination constitue le moyen le plus efficace de se protéger  accompagnée des mesures d’hygiène adéquates», poursuit le Pr Lina. « Elle permet à la fois de diminuer le risque d’être contaminé et de réduire celui de complications graves ». Environ 2 000 décès seraient ainsi évités chaque année chez les personnes âgées grâce à la vaccination. Mais celle-ci « ne peut pas tout faire », comme l’ajoute le médecin. C’est un atout majeur mais, dans une logique de prévention, il faut le cumuler à des mesures-barrières : le lavage soigneux des mains et le port d’un masque, particulièrement lorsque l’on est au contact d’une personne à risque.

Cette année, le virus grippal rencontrera sur sa route un nouvel acteur autorisé à vacciner au côté des autres professionnels de santé : le pharmacien. Une expérimentation sera en effet conduite dans deux régions-pilotes : Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine.

Le pharmacien pour renforcer

« L’objectif est de faciliter la réalisation de l’acte vaccinal », reprend le Pr Lina. « Il ne faut pas que les pharmaciens se substituent à la vaccination par les médecins ou les infirmiers mais qu’ils la renforcent. C’est une expérimentation intéressante. Nous allons voir comment cela va fonctionner en France sachant par exemple que c’est parfaitement rentré dans les mœurs dans certains pays étrangers comme le Portugal ».

A Saint-Priest, l’officine de Jérôme Cartier fait justement partie de l’expérimentation. Ce dernier rapporte « un accueil globalement favorable de la part des clients ». Avant de confirmer : « tout ce qui peut faciliter la vaccination, contribuer à augmenter la couverture vaccinale et à redonner confiance au grand public, mérite d’être expérimenté ». Il insiste également sur le rôle de conseil du pharmacien en complément de celui du médecin. « Il ne s’agit surtout pas d’une concurrence ».

Sur le plan pratique, les officines doivent répondre à un cahier des charges très précis. « En premier lieu, nous avons été formés à l’acte vaccinal », poursuit le pharmacien. Ensuite, « celui-ci doit être réalisé dans des locaux adaptés, comprenant notamment un espace de confidentialité ».

  • Source : Visite de Presse Sanofi Pasteur du 12 octobre 2017, Val de Reuil. « Sanofi investit 170 millions d’euros dans une nouvelle unité de production en France » - Interview du Pr Bruno Lina, 18 septembre 2017 - Interview de Jérôme cartier, 11 octobre 2017

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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