Grossesse : comment l’alcool altère le cerveau du fœtus
07 décembre 2021
L’exposition du fœtus à l’alcool pendant la grossesse affecte le cerveau de l’enfant à naître. Une équipe autrichienne s’est appuyée sur l’IRM fœtale pour déterminer quelles zones du cerveau sont effectivement touchées.
Troubles de l’apprentissage et/ou du comportement, voire, dans les cas les plus sévères, syndrome d’alcoolisation fœtale. Les conséquences de la consommation d’alcool pendant la grossesse, qui concerne en France au moins une naissance par jour, sont connues et bien documentées. Mais que sait-on des mécanismes qui entraînent ces effets délétères pour le cerveau des enfants ?
C’est l’objet du travail mené par une équipe de chercheurs de l’Université médicale de Vienne (Autriche), présenté lors du récent congrès de la Société nord-américaine de radiologie. Et pour comprendre exactement de quelle manière la structure cérébrale des fœtus était affectée, ils ont recruté des femmes enceintes (entre 20 et 37 semaines), orientées vers des IRM fœtales pour des raisons médicales.
Invitées à répondre de manière anonyme à un questionnaire, une partie d’entre elles a déclaré avoir consommé de l’alcool pendant la grossesse. Les IRM fœtales de ces futures mères ont été comparées à celles d’un groupe « sain ». Chaque cerveau fœtal a ensuite été reconstitué grâce à l’imagerie super-résolution, puis les chercheurs ont calculé le volume total du cerveau, et celui de certaines parties spécifiques.
Corps calleux et région périventriculaire
Résultat : deux différences majeures ont été relevées chez les fœtus exposés à l’alcool. Le corps calleux – le « pont » qui relie les deux hémisphères du cerveau – était plus volumineux que chez les fœtus « sains », et la zone périventriculaire – où se joue la régulation des glandes endocrines via l’hypophyse – était, elle, réduite.
Des changements qui reflètent un effet global sur le développement et le fonctionnement du cerveau, et qui confirment que « l’exposition à l’alcool pendant la grossesse place le cerveau sur un chemin de développement qui diverge de la trajectoire normale », résume le Pr Gregor Kasprian, l’un des auteurs de l’étude. Il salue l’intérêt de l’IRM fœtale, « un outil très puissant pour caractériser le développement du cerveau non seulement dans les conditions génétiques, mais aussi dans les conditions acquises qui résultent de l’exposition à des agents toxiques » comme l’alcool.
A noter : L’état actuel des connaissances ne permet pas de définir le seuil de consommation d’alcool en-dessous duquel il n’y aurait pas de risque pour l’enfant à naître. Pour ne lui faire prendre aucun risque, l’alcool est donc à proscrire pendant la grossesse.
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Source : Annual meeting of the Radiological Society of North America, consultés le 24 novembre 2021
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Dominique Salomon