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Pour arriver à la conclusion contraire le Dr Yvonne Kelly et ses collègues de University College à Londres (UCL), ont travaillé sur une cohorte de 11 500 femmes. Elles y ont incorporé leurs enfants, soumis à des tests cognitifs à l’âge de 5 ans. Il en ressort que la consommation d’un à deux verres d’alcool par semaine durant la grossesse, n’augmenterait pas le risque de troubles du comportement ou de déficience psychologique.
Psychiatre et président de l’Association nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), le Dr Alain Rigaud n’en est guère surpris. « Dans le milieu scientifique, nous savions que la consommation d’alcool à faible dose ne constituait pas un risque majeur. Il est toutefois difficile de déterminer précisément le niveau de consommation à partir duquel l’alcool devient vraiment toxique pour le foetus. Pour certains en effet, il semble que la frontière soit étroite. D’où ce message de santé publique de précaution, portant sur le zéro alcool pendant la grossesse ».
Un message de santé publique brouillé
Il insiste beaucoup sur l’importance de ce message. « Il est essentiel de le maintenir sous sa forme actuelle, dépourvue d’ambigüité. » Utilisée à contresens, « cette étude risque de le brouiller et d’induire une idée de tolérance auprès des femmes. N’oublions pas qu’il existe des données objectives sur la consommation d’alcool en cours de grossesse. Par exemple, lorsqu’une femme enceinte ingère 10 grammes d’alcool (un verre de vin, n.d.l.r.) , le cœur du bébé s’emballe pendant plusieurs minutes. Il y a problème quand les verres se succèdent et que la consommation devient quotidienne, régulière ou excessive ».
Dans ces cas là en effet, la future mère expose son enfant au syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Lequel constitue « la première cause de handicap mental non génétique évitable en France », précise le Dr Rigaud. Chaque année dans notre pays, entre 700 et 3 000 enfants seraient victimes de ce syndrome caractérisé notamment, par des troubles du système nerveux central.
Source : Journal of Epidemiology and Community Health, doi :10.1136/jech.20096.103002 – Interview du Dr Alain Rigaud, 7 octobre 2010
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