Grossesses non désirées : responsabiliser les hommes

28 novembre 2014

Un quart des hommes à l’origine d’une grossesse au cours des 5 dernières années avoue que cette dernière n’était pas intentionnelle. Des chercheurs INSERM montrent ainsi à quel point le public masculin – et particulièrement les jeunes – doit être responsabilisé au sujet de sa « trajectoire reproductive » (sic). Et surtout que la gestion d’une grossesse non désirée n’est pas qu’une affaire de femme.

Si le vécu des femmes par rapport aux grossesses non désirées a déjà fait l’objet de plusieurs études, les données relatives au point de vue masculin faisaient jusqu’ici défaut. C’est donc pour remédier à ce manquement qu’Anna Kagesten (Université Johns Hopkins, Baltimore, Etats-Unis) et ses collègues français de l’INSERM ont interrogé des hommes, y compris des mineurs de plus de 15 ans. Leur objectif : identifier les facteurs associés aux grossesses non désirées.

Concrètement, 3 400 hommes de 15 à 49 ans ont été interrogés. Les questions portaient sur les grossesses dont ils étaient à l’origine et sur leurs intentions de fécondité au moment du rapport. Résultat : parmi les hommes hétérosexuels et sexuellement actifs, 5% ont connu un épisode de grossesse non désirée dans les cinq dernières années. Et parmi l’ensemble des grossesses déclarées au cours de la même période, 22,5% n’étaient pas intentionnelles, c’est à dire non souhaitées ou non prévues.

Evoquer la contraception avec sa partenaire

« Parmi les facteurs contextuels, on trouve une situation économique et financière dégradée de l’homme, le jeune âge, une relation instable avec la partenaire, le fait que la grossesse interfère avec les plans professionnels », expliquent les auteurs

Dans la majorité des cas, les grossesses non désirées par les hommes sont liées à une mauvaise utilisation de la contraception, ou à un problème d’efficacité de celle-ci. Dans 72% des cas, une contraception était utilisée, souvent un préservatif (23%) ou une pilule prise par leur partenaire (33%).

« En cas de relation instable, l’homme déclare souvent qu’il pensait que sa partenaire prenait une contraception bien qu’il n’en ait pas discuté avec elle », continue Caroline Moreau, chercheuse à l’INSERM (Unité 208- Université Paros Sud, Villejuif). « La contraception doit s’adapter aux changements de circonstance. Compte tenu du fait que les hommes jeunes n’ont pas d’alternative au préservatif comme moyen de contraception, il faut qu’ils se sentent responsabilisés par rapport à leur fécondité et qu’ils en discutent avec leur partenaire ».

  • Source : INSERM, 28 novembre 2014

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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