Guerre en Ukraine : trop s’informer est-il délétère ?

02 mars 2022

Les actualités sur la guerre en Ukraine sont omniprésentes. Or s’il est primordial de rester informé, la proximité des événements et le risque d’une guerre européenne exposent de nombreuses personnes à des angoisses. Lesquelles sont accentuées par une surexposition aux informations…

Dans les journaux écrits et sur Internet, les radios, la télévision, les réseaux sociaux… Les nouvelles du déroulement de la guerre en Ukraine se succèdent, d’heure en heure. Entre les chaînes d’information en continu et les notifications des médias sur le smartphone, cette actualité inquiétante peut vite devenir envahissante. Or c’est cela qui provoque des angoisses et du stress. Pour le Dr Christophe Bagot, psychiatre à Paris, qui estime que les médias sont responsables de ces émotions néfastes en jouant sur l’inquiétude, « il faut se déconnecter ». Mais aussi, « chercher à s’informer par des sources sûres afin d’obtenir une perspective sur la situation ». Sinon, « le fonctionnement des médias et des chaînes d’information en continu notamment crée l’addiction ».

L’angoisse ressentie par de nombreuses personnes face à l’actualité vient, selon lui d’un « manque de recul politique, historique ». Les gens « regardent sans cesse, pendant des heures en espérant trouver du réconfort, quelque chose qui ferait baisser leur anxiété et ce n’est jamais le cas », poursuit-il. Alors, l’angoisse prend toute la place.

Raisonner son moi anxieux

C’est aussi l’avis de Jean-Yves Hayez, docteur en psychologie et professeur émérite à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain (Belgique). Pour lui, « s’informer auprès de sources sérieuses, prendre conscience des enjeux complexes peut faire baisser l’anxiété ». Les chaînes d’information en continu doivent être totalement évitées selon lui car « elles s’ingénient à nourrir l’angoisse ». Pour lutter contre les inquiétudes liées à cette guerre, « il faut s’entre-aider », estime-t-il. « Dans le but de raisonner le moi anxieux de chacun en ayant par exemple des pensées joyeuses, positives », ajoute-t-il.

Mais bien entendu, lorsque la personne est déjà fragile, l’angoisse peut être difficile à gérer seule. Il ne faut alors pas hésiter à consulter un psychiatre ou un psychologue. Ou à en parler à son médecin traitant.

  • Source : interview de Jean-Yves Hafez, psychologue spécialisé dans les enfants et les adolescents – interview du Dr Christophe Bagot, psychiatre

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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