Ejaculation précoce et stress : comment rompre le cercle vicieux ?

02 mai 2024

L'éjaculation prématurée est la crainte de beaucoup d’hommes. Elle peut constituer une entrave à une sexualité épanouie. Le stress peut en être la cause mais aussi un facteur aggravant. Il existe des solutions.

Stress de la performance, manque de confiance en soi… L’éjaculation prématurée renferme une composante psychologique. En 2021, le Dr Francis Collier, ancien directeur du diplôme de sexologie à l’université de Lille et ancien président de la Fédération française de sexologie et de santé sexuelle, nous expliquait que « la plupart des hommes concernés sont des anxieux ».

Dès lors, un cercle vicieux se met en place : une angoisse de l’éjaculation prématurée va générer davantage de stress lors des rapports, ce qui va accélérer plus encore le processus d’éjaculation.

Comment briser le cercle ?

« Souvent lorsqu’ils y sont confrontés, les hommes cherchent à se concentrer sur leur pénis pour retenir leur éjaculation », note Nadia Morand, sexologue clinicienne. Or « c’est contreproductif puisqu’en faisant cela ils ne se focalisent que sur une seule partie de leur corps – le pénis – ce qui augmente les sensations, la sensibilité et l’excitation et donc stimule le système nerveux autonome et accélère la survenue de l’orgasme ».

Autre méthode peu efficace : l’idée reçue selon laquelle il faudrait penser à des choses désagréables, dégoûtantes ou encore gênantes pendant l’acte. « Le but reste quand même de prendre du plaisir », rappelle la spécialiste. En plus cette option risque d’augmenter le stress.

Comment repousser l’éjaculation ?

Si le stress a été initié par un contexte extérieur à la sexualité elle-même, « il est important de le traiter », conseille Nadia Morand. Mais quoi qu’il en soit, il peut être utile de mettre en application la méthode suivante : « s’entraîner à porter son attention de manière plus large sur toute la peau, sur les autres stimuli (odeurs, goûts, sons) et non pas seulement sur le pénis », détaille-t-elle. Il est possible de suivre une thérapie Cognitive Behavioral Stress Management (CBSM) en 8 à 12 semaines qui constitue un travail de fond et fera baisser le stress de manière globale.

Autre recommandation : travailler sur le périnée, sur les muscles de cette zone pour mieux la contrôler permet une retenue plus importante.

Enfin, « j’interroge toujours les patients pour savoir comment se passe leur masturbation », explique la sexologue. « Car si celle-ci ne consiste qu’en une recherche de décharge rapide, il peut être utile de ‘s’entraîner’ à prendre son temps tout seul pour ensuite reproduire les sensations avec son ou ses partenaires ».

« Les gens se mettent trop la pression pour avoir des rapports sexuels ‘normaux’ alors que cela n’existe pas », insiste-t-elle. « La pénétration ne doit pas être obligatoire », « l’éjaculation ne doit pas forcément signer la fin du rapport » et « l’important reste que tous les partenaires soient enthousiastes et prennent du plaisir », conclut-elle.

  • Source : Interview de Nadia Morand, sexologue clinicienne

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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