Handicap : la délicate question des accompagnants sexuels

01 décembre 2022

Il est des professions qui existent de façon quasi confidentielle. Les accompagnants sexuels en sont une illustration. Censés assister les personnes en situation de handicap dans leur vie intime, ils ne disposent pourtant d’aucun statut officiel… du moins en France.

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Tout le monde a droit à une vie sexuelle. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé sexuelle fait partie intégrante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie dans leur ensemble. Pourtant, la sexualité des personnes handicapées – qui demandent souvent à être aidées, accompagnées – est encore trop souvent frappée de tabou. Particulièrement en France où le sujet des accompagnants (ou assistants) sexuels fait toujours débat.

C’est quoi un accompagnant sexuel ?

« L’accompagnement sexuel est une solution permettant à des personnes en situation de handicap d’avoir accès à une vie intime, sensuelle et/ou sexuelle », définit l’Association pour la Promotion de l’Accompagnement sexuel (Appas).

« L’assistance sexuelle est une des réponses possibles à la privation d’expériences intimes, sensuelles et/ou sexuelles dont souffrent de nombreuses personnes », poursuit l’association Corps solidaires en Suisse. « Elle propose à chaque situation une réponse individualisée en s’assurant du consentement, garantissant protection et bien-être. Elle peut également s’adresser à des couples limités dans leur rencontre intime du fait de leur situation de handicap. »

Comment devient-on accompagnant ?

Certaines associations (comme l’Appas) dispense des formations. Lesquelles comprennent une partie théorique avec notamment la législation en vigueur, des notions de sexologie et une partie pratique visant à s’adapter aux différents profils de personnes en situation de handicap rencontrées. « L’accompagnement sexuel est un engagement humaniste et humanisant », indique l’Appas. « Il est primordial que tout accompagnant(e) soit au clair avec elle/lui-même et avec ses proches, afin de pouvoir être vrai(e), pleinement présent(e) et ouvert(e) à la personne accompagnée sensuellement et sexuellement. »

Assistance ou prostitution ?

Alors que dans de nombreux pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Suisse, le statut d’accompagnant sexuel est reconnu, il ne l’est toujours pas en France. En outre, il n’existe pas de loi encadrant le recours à un accompagnant sexuel.

C’est pourquoi la question fait toujours débat. En 2020, la secrétaire d’Etat au Handicap, Sophie Cluzel, s’était prononcée en faveur d’un statut officiel de l’accompagnement sexuel sur le modèle existant dans plusieurs pays européens. Ce à quoi s’était opposé le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes. « La création d’aidant.e.s sexuel.les, c’est-à-dire d’hommes mais surtout de femmes, formé.es et employé.es pour fournir des « prestations » sexuelles, est une forme de légalisation de la prostitution alors que la France s’est engagée à combattre l’exploitation sexuelle des êtres humains », s’était-il alors exprimé.

  • Source : Association pour la Promotion de l’Accompagnement sexuel

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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