Hépatite C : le mot ‘guérison’ n’est enfin plus tabou
16 novembre 2011
« Les traitements contre le virus de l’hépatite C (VHC) permettent aujourd’hui de guérir les patients ». Pour le Pr Marc Bourlière, hépato-gastro-entérologue au CHU Saint-Joseph de Marseille, c’est bel et bien une révolution qui est en cours. Notamment pour les malades porteurs d’un virus du génotype I, ce qui est le cas de 70% des patients atteints par le VHC. A la suite du 62eme Congrès de l’American Association for the Study of Liver Disease qui se tenait à San Francisco au début du mois de novembre, ce spécialiste marseillais a fait le point pour Destination Santé.
« A ce jour, deux antiviraux inhibiteurs de la protéase ont obtenu leur autorisation de mise sur le marché », nous explique-t-il. « Il s’agit du telaprevir et du boceprevir ». Ils appartiennent donc à la classe des inhibiteurs de la protéase, qui agissent sur le cycle de multiplication virale et ont déjà prouvé leur efficacité contre le VIH.
Aujourd’hui, leur champ d’action s’élargit, puisque ces molécules s’avèrent également efficaces contre le VHC. « Chez des patients naïfs, -c’est-à-dire des malades qui n’ont jamais été traités – le taux de réponse au traitement est de 70%. Et de manière générale, 60% des malades porteurs du génotype I pris en charge avec l’une de ces deux molécules sont guéris », explique le Pr Bourlière.
VHC: 360 000 patients en France
Le médecin marseillais ne cache pas son optimisme. « Nous entrons dans une nouvelle ère dans le traitement de l’hépatite C. Les progrès sont extraordinaires, nous avons franchi un pas capital attendu depuis longtemps ». Pour les autres génotypes de virus de l’hépatite C, « de nombreuses études dont les résultats sont très encourageants ont été présentées à San Francisco ».
Concernant les effets secondaires, notre spécialiste se veut également rassurant. « Contrairement au traitement anti-VIH, celui contre l’hépatite C n’est pas un traitement chronique. Il dure de 3 à 6 mois. Par ailleurs, au cours des phases d’essais cliniques, aucun effet secondaire grave n’a été relevé ».
Aujourd’hui, 360 000 patients vivent avec le VHC en France. Selon les estimations, la maladie serait à l’origine de 2 600 décès chaque année dans notre pays. Elle peut en effet entraîner une cirrhose, voire un cancer du foie, souvent après plusieurs années d’évolution. Rappelons enfin que cette infection est aussi la première cause de transplantation hépatique en Europe.