Hépatite C : mieux dépister pour l’éliminer
26 juillet 2018
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Le 28 juillet sera marqué par la journée mondiale des hépatites. Et plus particulièrement de l’hépatite C. Cette maladie chronique d’origine virale peut aujourd’hui être guérie. A tel point que la ministre de la Santé s’est engagée à éliminer le virus responsable de l’hépatite C en France d’ici 2025. Pour atteindre cet objectif, il va falloir traiter toutes les personnes infectées par le virus et dépister une grande majorité de celles qui ignorent encore leur infection. Car tout le monde est concerné par le dépistage. Les explications de Philippe Sogni, professeur à l’université Paris-Descartes et hépatologue à l’hôpital Cochin de Paris.
« L’hépatite C chronique qui, dans certains cas, reste silencieuse pendant des années, est une maladie due à un virus qui va se nicher dans le foie et se multiplier », indique le Pr Philippe Sogni. « Au niveau hépatique, il va entrainer une inflammation, qui progressivement provoquera une fibrose, puis un risque de cirrhose. A partir de ce moment-là, le patient est exposé à de graves complications et notamment un cancer du foie. » Mais ce n’est pas tout, car la maladie peut aussi être considérée comme une affection plus générale. « Les patients voient leur qualité de vie altérée, ressentent une profonde fatigue et peuvent développer des manifestations sur d’autres organes. » Rappelons que l’hépatite C chronique se transmet par contact avec le sang d’une personne contaminée.
Aujourd’hui, les traitements disponibles « permettent d’obtenir une guérison virologique dans plus de 95% des cas. Elle est la seule maladie virale chronique à pouvoir être guérie », explique le Pr Sogni. Pourtant il existe encore de nombreux patients en France qui ne bénéficient pas de ces médicaments, parmi lesquels environ 75 000 d’entre eux ignoreraient être contaminés. « C’est ce que nous appelons l’épidémie cachée. Nous devons impérativement dépister ces patients et les amener au traitement qui permettra une guérison dans la majorité des cas. » Traiter tous les patients et lutter contre les facteurs de risque pour interrompre la transmission du virus est la seule issue pour, un jour, éliminer l’hépatite C chronique du territoire.
Simplifier le parcours de soin du patient
Le dépistage de l’hépatite C peut être réalisé, par exemple, dans un centre d’information et de dépistage anonyme et gratuit (CeGIDD) ou bien dans un laboratoire biologique privé sur prescription médicale (remboursement à 100% par la Sécurité sociale). « Nous avons à notre disposition des techniques de dépistage simples, indolores et rapides ainsi que des traitements efficaces », avance le Pr Sogni. « Mais tout ceci doit être envisagé dans une organisation du dépistage. Lequel doit être général, car tout le monde peut être concerné, mais également ciblé vers les populations les plus à risque. » Ce sera grâce à l’action commune et collégiale des autorités de santé, des professionnels de santé, des associations de patients et des industriels que ces actions pourront s’organiser.
En 2018, le ministère de la Santé a permis la délivrance des nouveaux traitements de l’hépatite C chronique en pharmacie de ville avant d’annoncer officiellement, en mai dernier, sa volonté d’ouvrir la possibilité de prescription par tous médecins. « Il s’agit de simplifier les parcours de soins de proximité à tous les médecins en ouvrant le diagnostic et le suivi des patients qui ne présentent pas de complications. Cela permettrait d’être au plus près des patients et de leurs structures de soins », précise le Pr Sogni. La publication de nouvelles recommandations émanant des autorités de santé devrait arriver dans les mois à venir pour confirmer l’élargissement à de nouveaux prescripteurs.
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Source : Interview du Pr Philippe Sogni, 12 juillet 2018
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon