Pourquoi les hommes s’endorment-ils après l’amour ?
28 octobre 2016
Piotr Marcinski/shutterstock.com
Pendant l’amour, les récepteurs sensoriels et les neurones sont fortement stimulés. Mais après l’atteinte du plaisir, le corps et le cerveau se détendent progressivement. En quelques minutes, certains ont une capacité à rejoindre les bras de Morphée en un claquement de doigts. Les hommes sont davantage concernés. Mais comment expliquer ce passage de l’éveil total au sommeil profond ?
L’acte sexuel fait grimper votre désir pour l’autre et chamboule tout le contrôle que vous pouvez avoir de votre corps et de votre cerveau en temps normal. Mais une fois le summum atteint, plusieurs envies se font sentir. Entre autres, celle de… s’endormir profondément ! Notamment les hommes. « Après l’amour ces derniers entrent dans une phase réfractaire pendant laquelle le maintien en éveil relève du défi », explique le psychiatre Pr Serge Stoléru* auteur d’une étude sur le sujet publiée en 2012.
De l’émotion au calme
Pour comprendre ces mécanismes cérébraux lors de la bascule entre l’orgasme et l’envie de dormir, le Pr Serge Stoléru a étudié par scanner le cerveau d’hommes pendant et après l’amour. Pendant l’acte, l’aire occipito-temporale (qui stimule la vue), le cortex singulaire antérieur (l’empathie et la régulation de la pression artérielle) et le cortex insulaire (lié aux émotions et à la dépendance) entrent en pleine activité.
Chez l’homme, l’éjaculation diminue ensuite l’activité du cortex pré-frontal, siège des fonctions exécutives (commande les gestes et la coordination). Après l’orgasme, le cortex cérébral, siège de la conscience, se reconnecte. Le cortex singulaire et l’amygdale envoient ensuite un message au cerveau : « le désir s’atténue, place aux hormones de la récompense (sérotonine) et du bien-être ». L’effet « anxiolytique » se fait sentir dans les minutes suivant cette dynamique cérébrale, l’apaisement puis le sommeil sont au rendez-vous.
A noter : les femmes peuvent elles aussi s’endormir très rapidement après l’amour. Mais elles seraient moins sujettes à ce mécanisme car les sécrétions des hormones de l’attachement et de la confiance après l’orgasme dominent. L’envie de câlins et de paroles prennent donc le dessus sur l’imminente extinction des feux masculine.
*psychiatre et chercheur à l’INSERM-hôpital Paul-Brousse à Villejuif
Pour en savoir plus sur le lien entre sexe et cerveau, lisez « Un cerveau nommé désir – Sexe, amour et neurosciences », Serge Stoléru, Editions Odile Jacob – 330 pages, 24,90 euros.