HPV : devra-t-on vacciner les garçons ?
27 janvier 2012
Les garçons devront-ils, comme c’est aujourd’hui recommandé aux jeunes filles, se faire vacciner contre le papillomavirus humain (HPV) ? La question se pose à la lecture d’une étude publiée aujourd’hui dans le JAMA (Journal of the American Medical Association). Selon ses auteurs américains en effet, la prévalence de l’infection orale au HPV – responsable de cancers oropharyngés – est plus élevée chez les hommes que chez les femmes.
Le Dr Maura Gillison et son équipe du Ohio State University Comprehensive Cancer Center à Colombus, se sont intéressés à la prévalence de l’infection orale au HPV parmi leurs concitoyens. Au total, 5 600 hommes et femmes de 14 à 69 ans ont participé à ce travail. Tous ont été soumis à des prélèvements de cellules buccales par isolement dans des bains de bouche et des gargarismes.
Résultat, une infection orale par HPV a pu être diagnostiquée chez 7% des participants. Les hommes seraient davantage concernés : 10% de positivité contre 3,1% chez les femmes. Les prévalences les plus élevées ont été observées dans les tranches d’âge suivantes de 30 à 35 ans et de 60 à 64 ans.
« L’infection orale à HPV est une cause majeure de cancer de l’oropharynx », précise Maria Gillison. « D’une manière générale, le virus de type 16 est en cause dans 9 cas sur 10 de cancers ORL liés à HPV positif ». Ils sont transmis le plus souvent, « par voie sexuelle », dans le cadre de rapports oro-génitaux.
Des discussions aux Etats-Unis. Et en France ?
A l’instar des jeunes filles chez lesquelles la vaccination est recommandée en prévention du cancer du col de l’utérus, les hommes devront-ils eux aussi se faire vacciner ? La question est dans l’air aux Etats-Unis depuis plusieurs mois. En octobre dernier, un Comité d’experts a même recommandé la vaccination des garçons de 11-12 ans par un vaccin quadrivalent. Les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) d’Atlanta doivent trancher au cours des prochaines semaines.
Maria Gillison pour sa part, reste prudente. « Nous savons encore peu de chose de l’efficacité du vaccin dans la prévention des infections orales à HPV ». A ce stade, « la vaccination ne peut pas être recommandée à grande échelle en prévention primaire » écrit-elle.
En France le Pr Philippe Descamps, chef de service gynécologie au CHU d’Angers, n’est pas aussi catégorique. « il est aujourd’hui avéré que le virus HPV peut coloniser d’autres sites que le col de l’utérus. C’est ainsi que nous pouvons le retrouver sur les muqueuses buccales et encore au sein du canal anal ». La vaccination doit-elle pour autant être recommandée aux jeunes gens ? « Pourquoi pas », répond -il. « Mais au-delà de l’aspect sanitaire et des études dont nous disposons, les pouvoirs publics se pencheront aussi sur la question économique »…
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Source : JAMA, 26 janvier 2012 – Interview du Pr Philippe Descamps, 26 janvier 2012 – Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP), octobre 2011