Huiles essentielles : ne faites pas n’importe quoi
19 janvier 2011
Produits de beauté et de bien-être ‘tendance’, les huiles essentielles sont obtenues par distillation de substances végétales. Considérées comme des produits naturels, sont-elles pour autant dénuées de risques ? Les réponses du Dr Charles Dzviga, allergologue à Saint-Etienne.
L’utilisation des substances odorantes contenues dans les plantes est connue depuis l’Antiquité. Aujourd’hui pourtant, le phénomène a pris une toute autre ampleur : phytothérapie et aromathérapie font les beaux jours des marchands de beauté. Pourtant quelles que soient leurs formes (spray ou flacon compte-goutte) certaines huiles peuvent s’avérer agressives. Et quelques précautions s’imposent avant leur utilisation :
– Jamais dans les yeux ni sur les muqueuses. Les huiles essentielles peuvent contenir des quantités importantes de substances actives. Selon le Dr Charles Dzviga, « les paupières et les muqueuses sont des zones de forte absorption des substances que l’on applique. Ce qui peut entraîner la passage de grandes quantités de principes actifs dans l’organisme, avec les risques inhérents à chaque produit. » Ainsi, des huiles riches en cétones (comme la sauge ou le thuya) présentent un risque « épileptogène ». En clair, elles peuvent provoquer des convulsions ;
– Certaines huiles essentielles doivent être diluées. « Evitez leur application à l’état pur sur la peau. Beaucoup de principes actifs sont irritants. C’est le cas des phénols présents dans les huiles de thym, de sarriette ou d’origan. D’autres sont photo-sensibilisants comme les ‘lactones terpéniques’ des huiles de citron ou de genévrier. Ils réagissent aux UV et risquent de provoquer de petites taches disgracieuses. Il faut donc les diluer pour éviter ce type de problème ». C’est d’autant plus nécessaire que ces tâches ensuite, son indélébiles ;
– Jamais par voie orale pour les enfants de moins de 10 ans Les doses pour un enfant diffèrent de celles utilisées pour un adulte. Ne vous y risquez donc pas, à moins d’avoir consulté un professionnel de santé ;
– Jamais de diffusion d’huiles essentielles pendant le sommeil. Même si elle est indiquée en cas de troubles du sommeil, une huile (comme celle de la lavande) ne doit pas être diffusée plus de 15 minutes dans votre chambre à coucher. Elle pourrait entraîner des maux de têtes ou des vertiges ;
– Jamais pour les femmes enceintes ou allaitantes Selon le Dr Dzviga, « ces substances passent la barrière placentaire. Elles, se retrouvent dans le lait maternel, où elles peuvent devenir toxiques. De plus certaines substances, comme les cétones retrouvées dans la menthe poivrée, ont un pouvoir abortif ».
Ces quelques exemples ne sont qu’une infime partie des précautions à prendre. Dans « Les huiles essentielles pour les nuls », Elske Miles, de l’Institut français de Réflexologie, a compilé des recommandations pour un bon usage des huiles essentielles. « Assurez-vous que vous n’êtes pas allergique », « Conservez vos flacons bien fermés », « Utilisez des produits de qualité dont vous connaissez la provenance »…. Et pour en savoir plus, demandez conseil à votre pharmacien.
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Source : Interview du Dr Charles Dzviga, le 17 janvier 2010 ; Les huiles essentielles pour les nuls, Elske Miles, First éditions, 350 pages, 22, 90 euros