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« Les premiers signes de l’HTAP, ce sont un essoufflement et une fatigue intense », explique Manon Drouet, infirmière au centre de référence du Kremlin-Bicêtre. « Ces symptômes sont très courants dans d’autres maladies, ce qui rend le diagnostic difficile. » Certains patients errent pendant des années avant qu’un diagnostic ne soit posé. « Nous avons des patients qui ont consulté leur médecin traitant pendant plus de cinq ans sans obtenir de diagnostic clair. On leur disait souvent que c’était lié à un problème de surpoids ou à de l’asthme. » Selon Manon Drouet, les signaux d’alerte à ne jamais négliger sont clairs : « un essoufflement inhabituel, surtout s’il n’y a pas de cause apparente, la fatigue, des palpitations ou des malaises, avec ou sans perte de connaissance. Dans ces cas-là, il faut consulter rapidement un spécialiste ».
Dans le parcours complexe de l’HTAP, les infirmiers jouent un rôle central. Ils interviennent juste après le diagnostic posé par les médecins. « On reformule le diagnostic, on explique les traitements et les conduites à tenir. Certains patients sont très sévèrement atteints et nécessitent une mise sous traitement immédiate. Il faut qu’ils comprennent ce qu’ils doivent faire en cas d’urgence. Ensuite nous sommes à l’écoute de leurs difficultés, leurs besoins pour leur proposer des séances d’éducation adaptée sur la maladie, les traitements, l’activité physique… On répond aussi à toutes leurs questions entre les visites grâce à un numéro de contact dédié. »
L’accompagnement ne s’arrête pas là. « On fait un suivi régulier, tous les six mois à un an, en hospitalisation ou en consultation. On vérifie l’évolution de la maladie, l’efficacité du traitement, ce qui s’est aggravé ou amélioré », détaille Manon Drouet. Les infirmiers peuvent également orienter les patients vers un soutien psychologique quand c’est nécessaire. Ils coordonnent enfin les soins avec les médecins et les autres professionnels de santé.
« Pour une maladie rare comme l’HTAP, être pris en charge dans un centre expert est indispensable », insiste Manon Drouet. « Le diagnostic repose sur un examen spécifique — le cathétérisme cardiaque droit — qui nécessite une expertise pointue. Ensuite, le type d’hypertension pulmonaire est identifié et un traitement adapté peut être mis en place. »
Chaque patient orienté rapidement vers un centre expert bénéficie d’un diagnostic précis et d’une prise en charge adaptée, ce qui améliore le pronostic et la qualité de vie. Le mois de novembre est l’occasion de rappeler l’importance d’écouter les patients et de ne jamais banaliser un essoufflement ou une fatigue inexpliquée.

Source : Interview de Manon Drouet, octobre 2025

Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche