Immunothérapie : l’espoir de la thérapie cellulaire
18 février 2022
Que faire pour que l’immunothérapie fonctionne contre tous les cancers ? Parmi les pistes éventuelles, celle de la thérapie cellulaire ainsi que des vaccins thérapeutiques est explorée par l’équipe du Pr Stéphane Depil au centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, de Lyon et dans la société de biotechnologie qu’il a fondée, ErVaccine Technologies. Présentation.
On sait désormais que les approches d’immunothérapie actuelles fonctionnent mieux lorsque la tumeur présente un niveau élevé de mutations, car ces dernières génèrent des antigènes spécifiques reconnus par le système immunitaire. Or de nombreuses tumeurs présentent un niveau moyen ou faible de mutations. Il existe donc un besoin d’identifier de nouveaux antigènes tumoraux, non associés aux mutations, contre ce type de tumeurs. Parmi les approches proposées, la vaccination et la thérapie cellulaire apparaissent comme deux stratégies complémentaires permettant de cibler de nouvelles familles d’antigènes tumoraux.
C’est dans ce contexte que Stéphane Depil et son équipe travaillent sur de nouvelles approches dirigées contre des antigènes de rétrovirus endogènes exprimés spécifiquement par les cellules tumorales.
De quoi s’agit-il ?
Tandis que le vaccin thérapeutique dans le cancer a pour but d’induire chez le patient une réaction immunitaire anti-tumorale, la thérapie cellulaire consiste à injecter directement des cellules immunitaires qui vont attaquer la tumeur. En clair, « on injecte des milliards de lymphocytes T modifiées de manière à ce qu’ils expriment un récepteur spécifique de la tumeur », décrit le Pr Depil. « Nous avons montré que nous pouvions utiliser comme cibles des antigènes provenant de rétrovirus endogènes humains (HERV), qui sont des fossiles de rétrovirus ayant infecté nos lointains ancêtres et conservés dans notre ADN », poursuit-il. Les cellules tumorales expriment de manière anormale ces rétrovirus endogènes, qui peuvent donc être utilisés comme cibles pour la thérapie.
En parallèle, l’équipe travaille sur le développement d’un candidat-vaccin thérapeutique. Pour le Pr Depil, les deux solutions ont des intérêts complémentaires et pourraient même être employées conjointement chez certains patients. « Ceci ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques dans le traitement de cancers répondant insuffisamment aux immunothérapies actuelles, comme les cancers du sein et de l’ovaire, les sarcomes ou certaines leucémies », expose le Pr Stéphane Depil.
A noter : l’objectif de l’équipe est de parvenir à lancer les premiers essais cliniques de vaccination au milieu de l’année 2023. Quant à la thérapie cellulaire, « elle pourrait suivre dans la foulée ».
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Source : interview du Pr Stéphane Depil, 11 février 2022
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet