Incontinence urinaire : une maladie plurielle ?
11 mai 2012
L’incontinence urinaire touche 20% des femmes en France. Selon le Pr François Haab , chez du service urologie à l’hôpital Tenon de Paris, « sa prévalence augmente cependant avec les années ». Il précise d’ailleurs, qu’il y a non pas une mais des incontinences urinaires.
La forme la plus fréquente en est l’incontinence dite d’effort. « Dans ce cas, la fuite survient sans que l’on ressente un besoin préalable d’uriner. Dès lors en fait que s’exerce, au moindre effort, une pression au niveau de l’abdomen. C’est notamment le cas quand une femme se met à tousser, à éternuer ou même au cours d’une simple action de marcher ».
L’hyperactivité vésicale, elle, se caractérise par un besoin soudain, urgent et irrépressible d’uriner. Et s’il n y a pas de toilettes à proximité, la fuite survient. « Elle se traduit par l’incapacité de la femme à se retenir », indique le Pr Haab. Dans cette forme d’incontinence, les fuites sont plus fréquentes, et donc gênantes. Enfin certaines femmes peuvent souffrir d’une forme mixte d’incontinence urinaire. Cette dernière fait intervenir à des degrés divers, les deux mécanismes à la fois.
L’incontinence d’effort est favorisée par différentes circonstances. Chez la petite fille par exemple, le fait de trop se retenir en milieu scolaire. « Chez la femme jeune, la pratique trop intense de certains sports est considérée comme un facteur de risque » explique ainsi le Pr Haab. Il y a enfin le problème bien connu des suites d’accouchement et des grossesses multiples, connues pour être à l’origine de ce type d’incontinence. « Concernant l’hyperactivité vésicale, on peut presque considérer les envies pressantes comme étant le symptôme d’une pathologie sous-jacente. Par exemple la plus connue, c’est une infection des urines, une cystite », souligne François Haab. C’est pourquoi un bilan médical est pratiqué devant toute hyperactivité vésicale.
Moins de tabou ?
A en croire notre spécialiste, de plus en plus de femmes consultent pour ce motif. « C’est de moins en moins un sujet tabou. Mais le mot incontinence passe mal. » Il est encore, associé à un problème de santé touchant les personnes âgées. « Elles utilisent tous les mots… sauf celui d’incontinence. Elles se servent de synonymes et me disent ‘j’ai un problème avec ma vessie’, ‘j’ai du mal à me contrôler’, ‘j’ai ma vessie qui descend’,’ j’ai des petites fuites’… »
C’est la gêne bien entendu, qui motive la consultation. L’incontinence urinaire a un impact considérable sur la qualité de vie. « Le problème est considéré comme un véritable handicap social. De nombreuses femmes disent ne plus pouvoir faire de sport ni même porter leur enfant. Elles craignent à tout moment la fuite ».
Pour une prise en charge optimale, le médecin déterminera d’abord le type d’incontinence auquel sa patiente est confrontée, et son degré de sévérité. En fonction des résultats, il pourra mettre en œuvre une stratégie thérapeutique. « Les incontinences urinaires ne sont en rien une fatalité. La prise en charge dépend du type d’incontinence, de l’âge de la patiente et de son mode de vie. Les moyens disponibles reposent sur l’utilisation, seule ou en association, de la rééducation du périnée, de médicaments ou d’une intervention chirurgicale en ambulatoire. Nous parvenons à des taux de succès de l’ordre de 90% ».