Inde : l’avenir des femmes sacrifié ?

21 juillet 2003

En Inde, l’inégalité des sexes n’a pas d’âge… Ainsi les fillettes de moins d’un an, parce qu’elles sont moins bien considérées et donc moins bien traitées, sont-elles deux fois plus exposées à la mort que les garçons !

Pendant cinq ans, Amod Kumar, du Saint Stephen’s Hospital à New Delhi a suivi les courbes de mortalité infantile de la population dont il avait la charge. Ainsi a-t-il noté que la probabilité pour une fillette de décéder avant l’âge d’un an est multipliée par 1,3 par rapport aux garçons. Et la plupart des morts dites inexpliquées touchaient des filles. Toujours en comparaison avec les enfants de sexe masculin, elles sont deux fois plus nombreuses à décéder des suites d’une diarrhée, alors que la mise en oeuvre du traitement est d’une grande simplicité.

« Ces décès sont-ils une extension des pratiques ancestrales à l’encontre du sexe féminin ? », se demande Kumar. Des pratiques rappelons-le, à l’origine d’infanticides en masse dans certaines civilisations orientales où la naissance d’une fille est considérée appauvrir le foyer… Pour monstrueux que cela soit, ce ne serait pas si étonnant ! Dans le monde en effet plus de 100 millions de femmes sont absentes des statistiques, dont une majorité en Asie de l’Est et du Sud. Elles sont victimes d’infanticide, de malnutrition, de privation de soins, d’abandon et plus récemment d’eugénisme, par un détournement des technologies qui permettent le diagnostic prénatal du sexe. Une étude menée par l’UNICEF au Maharashtra, toujours en Inde donc, indique en effet que sur 8 000 avortements effectués après détermination du sexe par amniocentèse, tous sauf un concernaient des foetus de sexe féminin !

  • Source : British Medical Journal, vol. 327, pp. 126-28, 17 juillet 2003 ; UNICEF, Egalité, développement et paix

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