Infection virale et vie sexuelle, quel point commun ?

09 mars 2017

L’origine de la vie est caractérisée par la fusion de deux gamètes, l’une mâle l’autre femelle. Un trio de scientifiques français, allemands et américains a relevé une nette ressemblance entre cette première phase du développement et celle d’une infection virale. En cause, l’action d’une protéine ancestrale.

La fusion des deux noyaux du spermatozoïde d’une part, de l’ovocyte d’autre part, se ferait selon le même mécanisme que l’infection d’une cellule par un virus. Selon des chercheurs français, allemands et américains, cette analogie tient à l’action de la protéine HAP 2. Une hypothèse testée en « déterminant la structure tridimensionnelle de cette protéine de l’algue unicellulaire Chlamydomonas, par cristallisation et diffraction aux rayons X », précisent les équipes du Felix Rey (Institut Pasteur) en collaboration, avec l’université du Texas et l’Ecole de médecine de Hanovre. Résultat, la protéine HAP2 présente dans la membrane des gamètes mâles de l’algue est l’homologue des « protéines virales de fusion dites de classe II ».

Qui du virus ou de la cellule-œuf… ?

Un tel degré de proximité entre la formation d’une cellule-œuf et l’action des parasites dans l’organisme pose question. Un virus serait-il à l’origine de la vie sexuelle sur Terre ? Pas impossible, « HAP2 pourrait être l’héritage d’une infection virale ancienne, qui se serait produite chez l’ancêtre commun à l’ensemble des eucaryotes », ces organismes dotés d’un noyau. Mais rien de certain. Une réponse de normand : la piste inverse reste possible tant ce champ de recherche est large. On peut en effet se demander si les virus n’auraient pas eux-mêmes puisé dans la membrane des gamètes mâles pour assurer leur fonction de fusion ? A ce jour, impossible de répondre. Mais une chose est sûre : ce point commun entre la fusion des gamètes et l’infection virale prouve que ces mécanismes dérivent du même gène ancestral.

Vers une piste thérapeutique ?

En bloquant l’action de cette protéine, peut-on envisager une piste thérapeutique pour interrompre la transmission des pathogènes ? Une perspective se profile d’ores et déjà dans ce sens dans le cas du plasmodium, vecteur de paludisme qui a recours à ce processus de fusion au cours de son cycle biologique.  La technique est la suivante : agir sur une région bien particulière où se logent les protéines homologues de HAP 2. Précisément dans « une boucle à l’extérieur de la cellule, dont la modification ou le blocage empêchait directement la fusion ».

*Centre national de la recherche scientifique, Université Paris Descartes, Institut Pasteur

  • Source : Cell, le 23 février 2017. Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Université Paris Descartes, Institut Pasteur, le 24 février 2017

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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