Infections nosocomiales : une nouvelle bactérie responsable
25 mai 2018
Spores de Bacillus cereus. ©Inra, PIHM
Les infections nosocomiales constituent un risque au sein des services hospitaliers. Or leur cause n’est pas toujours bien identifiée. La preuve, une équipe française vient de démontrer qu’une bactérie, jusque là connue pour provoquer des infections alimentaires, serait à l’origine de contaminations nosocomiales inter- et intra-hospitalières.
Une bactérie baptisée Bacillus cereus, connue pour être à l’origine d’infections alimentaires, est aussi la cause d’infections nosocomiales, c’est-à-dire contractée dans un établissement de soins. C’est ce que viennent de démontrer des chercheurs français* par le biais d’une étude menée entre 2008 et 2012.
Dans ce travail, les scientifiques ont étudié les données épidémiologiques et cliniques recueillies auprès de neuf hôpitaux volontaires en France. Au total, le cas de 39 patients, pour la plupart immunodéprimés, et infectés par B. cereus a été analysé. Parmi eux, huit sont décédés.
Hygiène rigoureuse et tests de diagnostic
« La même souche de B. cereus a été retrouvée chez plusieurs patients sans qu’aucun lien n’ait pu être établi entre eux, ainsi que dans l’environnement de l’hôpital », notent les auteurs. Par conséquent, « l’agent pathogène est une source d’infection pour les patients hospitalisés, probablement en raison de sa capacité à sporuler et/ou à former des biofilms. »
« Des souches Bacillus cereus capables de provoquer des infections potentiellement mortelles sont donc bien présentes dans l’environnement hospitalier », poursuivent-ils. Cette découverte doit inciter le personnel de santé à « une rigueur particulière en termes de procédure de nettoyage et désinfection ».
Enfin, « l’efficacité in vitro des traitements antibiotiques de première intention recommandés pour le traitement de ces infections a été démontrée ». C’est pourquoi « un diagnostic précoce pourrait permettre d’ajuster les traitements antibiotiques, sans attendre des résultats d’analyses complémentaires », recommandent les chercheurs.
A noter : Bacillus cereus est présente naturellement dans les sols, les aliments, quasiment sur toutes les surfaces, la peau humaine… Sous forme de spores, elle résiste à la cuisson et à la pasteurisation.
*l’Inra et de l’Anses, en collaboration avec les médecins de neuf hôpitaux en France (Institut Micalis et MaIAGE – Mathématiques et Informatique Appliquées du Génome à l’Environnement – (Inra, AgroParisTech), l’Anses, l’Institut de recherche en santé digestive (Université Toulouse III – Paul Sabatier, Inserm, Inra, ENVT), le CHU de Toulouse, le Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses (Inserm, UPMC), l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP-HP, l’hôpital Antoine-Béclère, AP-HP, le CHU de Nice, le CHU de Strasbourg, le CHU de Chambéry, le CHU de Grenoble)
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Source : Inra, Anses, AP-HP, Hôpitaux de Toulouse, Sorbonne Université, Les Hôpitaux universitaires de Strasbourg, 25 mai 2018
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet