Infections urinaires : responsables d’un risque de cancer de la vessie ?
04 mars 2021
La moitié des femmes ont déjà souffert au moins une fois dans leur vie d’une infection urinaire. Douloureuses et handicapantes, ces infections pourraient aussi être responsables d’un sur-risque de cancer de la vessie. En tout cas, elles en ont le potentiel, via l’action d’une toxine qu’elles produisent. Explications.
Les infections urinaires surviennent lorsque la région urogénitale est contaminée par des bactéries – une majorité d’Escherichia coli – issues du microbiote intestinal. De précédents travaux ont montré que ces bactéries sont capables de produire une toxine, la colibactine, associée à un risque accru de cancer colorectal. Dans un récent travail, une équipe française* a identifié la présence de cette toxine dans au moins 25% des urines collectées auprès 223 adultes avec une infection urinaire et prises en charge aux urgences du CHU de Toulouse.
Possibles mutations génétiques
Pour en savoir plus sur les effets de cette toxine, les chercheurs ont ensuite étudié son action dans un modèle animal. Résultat, chez la souris, elle induit des dommages à l’ADN dans les cellules de la muqueuse de la vessie. Qu’est-ce que cela implique ? Que des mutations génétiques peuvent survenir. Et même si cela n’a pas pu être démontré scientifiquement, « il est probable que (ces mutations, ndlr) soient associées à un risque accru de cancer de la vessie », soulignent les auteurs.
Une problématique d’ampleur quand on sait que chaque année, 150 millions de personnes sont touchées par les infections urinaires. Les chercheurs souhaitent donc « inciter à une surveillance plus importante et plus ciblée des personnes sujettes à infections urinaires récurrentes ». Lesquelles pourraient bénéficier d’« une recherche systématique des marqueurs de la colibactine dans leurs urines », concluent-ils.
* Des scientifiques de l’Inserm, du CHU de Toulouse, d’INRAE, de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse.