Info santé : le vent de panique…

20 février 2013

Pour le CISS, “Il y a comme une urgence… pour la stratégie nationale de santé.” ©Phovoir

Le Collectif interassociatif sur la Santé (CISS) dénonce dans un communiqué de presse diffusé ce 20 février, la « polémique sur le médicament en général et quelques molécules en particulier » alimentée ces derniers mois en France. Il la dénonce plus qu’il ne la déplore, décrivant de manière brève et acerbe, sans les nommer, les Pr Philippe Even et Bernard Debré. Pour le CISS, le « contexte de confusion » actuel illustre surtout l’urgence qu’il y aurait à mettre en place en France, une réelle « politique d’éducation à la santé ». De quelle façon ?

« Panique sur l’information en santé ». Le titre du communiqué fait mouche et  interpelle. Ses premières lignes aussi, où il est question d’« un ancien promoteur de la ciclosporine comme traitement du VIH» – un…  immunosuppresseur utilisé contre le rejet de greffe, n.d.l.r.  –« et un ancien urologue ».  Deux anciens ‘’mandarins’’ qui alimentent depuis des mois, la polémique sur les médicaments. Et cela selon le Collectif, avec la « complicité de certains médias ».

Pour le CISS, il y a urgence. Une véritable « politique d’éducation à la santé » doit « impérativement » être (ré)-instaurée en France. Celle-ci doit être étroitement liée à une information qui « ne saurait se résumer à quelques actions éparses, sur des thèmes étroits, et non coordonnées entre elles. »

Au contraire, l’information doit « reposer sur plusieurs critères jamais mis en œuvre dans notre pays ». Elle doit par exemple « être le fait d’une autorité publique, indépendante des agences gouvernementales et des pouvoirs publics ». Pour le CISS, « il ne s’agit pas de faire de ce pôle d’information une sorte de Pravda enlevant toute légitimité aux autres canaux d’information en santé mais d’offrir à tous un site public indépendant de référence, auquel chaque usager peut librement se confronter pour construire son attitude et sa mobilisation personnelles (…). »

L’Académie de médecine catastrophée

Par ailleurs, alors que l’ouvrage de Philippe Even sur les statines est sorti depuis quelques jours, l’inquiétude gagne la communauté médicale. Les professionnels craignent principalement que les patients  n’abandonnent leurs traitements d’eux-mêmes. C’est le cas notamment de l’Académie nationale de médecine. Chiffres à l’appui, celle-ci rappelle qu’ « en un quart de siècle, chez plus de 170.000 personnes, hommes et femmes, âgés de 30 à 80 ans, des scientifiques de tous les pays ont réalisé des études rigoureuses sur les effets de ces médicaments » (les statines, n.d.l.r.). « Ils ont démontré leur  bénéfice dans la prévention de la récidive des accidents cardiovasculaires. Ils ont ensuite démontré un effet bénéfique chez les adultes n’ayant pas encore eu d’accident cardiovasculaire », insistent les Académiciens.

En conclusion, ils soulignent qu’une « méfiance injustifiée (vis-à-vis de l’intérêt des mesures de la cholestérolémie et des  prescriptions initiales de statines conformes aux recommandations actuelles) aurait (…) plus de risque d’être dangereuse que bénéfique  pour les personnes qui accorderaient crédit  aux opinions défavorables  diffusées largement dans la presse ».

Ecrit par : David Picot – Edité Marc Gombeaud

  • Source : Académie nationale de médecine, 20 février 2013 – CISS, 20 février 2013

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