Information sur le médicament : les Français seront-ils entendus ?

21 septembre 2005

D’après un sondage BVA/Destination Santé publié cet été, plus de 8 Français sur 10 sont favorables à une information directe par les firmes pharmaceutiques mais sous contrôle des autorités de santé. Ont-ils une chance de voir leur voeu exaucé ?

Les politiques et notamment les parlementaires européens, ont déjà répondu à cette question. Par la négative… C’était le 23 octobre 2002. Ce jour-là, ils ont rejeté un article de la Directive Médicament qui autorisait l’information directe des patients sur trois maladies chroniques : l’asthme, le VIH-SIDA et le diabète.

La majorité des parlementaires avait alors dénoncé ce qu’ils considéraient comme “un premier pas en direction de la publicité directe“. Trois ans plus tard pour l’Irlandais Pat Cox, alors Président du Parlement européen, l’heure est venue “de relancer le débat et de répondre aux attentes des patients“.

Qu’en est-il en France ? Claude Evin, député PS de Loire-Atlantique et ancien ministre de la Santé, est sceptique. “Il est positif et normal que les patients souhaitent une meilleure information sur le médicament. Mais peut-on faire confiance aux laboratoires pharmaceutiques, même sous contrôle des pouvoirs publics ?

A ses yeux, information objective et stratégies commerciales ne constituent pas deux objectifs convergents. “ Je considère les fabricants comme des acteurs majeurs du système de santé. Ils rendent un service éminent à l’amélioration de la santé de la population. Mais ils ont une logique bien légitime qui reste de vendre des produits. Il n’est donc pas simple de répondre à cette demande de manière à respecter un vrai objectif d’information“. Est-ce une raison pour… ne pas y répondre ?

A l’aube d’une révolution ?

Charles Descours n’est pas de cet avis. Pour ce sénateur honoraire de l’UMP, l’information sur le médicament serait même à l’aube d’une véritable révolution. “Le développement d’internet bouleverse tout. L’information sur le médicament est donc forcément amenée à évoluer. Ne serait-ce que pour éviter des circuits d’information parallèles peu fiables“.

Il insiste toutefois sur la nécessité de faire contrôler le dispositif par les autorités sanitaires. “Que les firmes puissent informer les patients sur les produits qu’elles fabriquent ne me choque pas. A l’image des Français d’ailleurs, qui montrent leur confiance en l’industrie pharmaceutique. Mais comme ils le demandent, un contrôle des autorités sanitaires me semble indispensable pour éviter des dérives“.

Là où les deux hommes se rejoignent, c’est sur la prépondérance des rôles du médecin et du pharmacien. “A part la situation actuelle où l’information est délivrée par le professionnel, je n’ai pas de bonne solution à proposer qui soit exempte de dérives” enchaîne Claude Evin. La conclusion revient à Pat Cox : “Aujourd’hui, les citoyens demandent une meilleure information. Ecoutons-les“. Le bon sens ?

(Sources : Sondage BVA pour Destination Santé, réalisé les 13 et 14 mai dernier auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. 1006 personnes ont été interrogées par téléphone, selon la méthode des quotas. Interviews de Pat Cox, Claude Evin et Charles Descours.)

Destination Santé
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