Insuffisance cardiaque : un cœur en souffrance

29 septembre 2022

Essoufflement, fatigue, œdème, prise de poids… Ces signes traduisent le plus souvent une insuffisance cardiaque. Une maladie silencieuse aux conséquences très lourdes. A l’occasion de la Journée mondiale du cœur ce 29 septembre, le Pr Alain Cohen Solal (hôpital Lariboisière (APHP – Paris) apporte son éclairage pour mieux comprendre ce qui se cache derrière cette affection.

Une maladie, plusieurs causes

« Pour définir l’insuffisance cardiaque, on peut dire simplement que le cœur fatigue et ne parvient plus à pomper suffisamment de sang pour oxygéner l’organisme », explique le Pr Cohen Solal. Cette maladie chronique est en quelque sorte le résultat de nombreuses maladies, soit non diagnostiquées, soit mal prises en charge, qui peu à peu vont entraîner une défaillance du muscle cardiaque. « C’est le cas par exemple de l’hypertension artérielle. Si elle n’est ni diagnostiquée, ni traitée pendant une longue période, elle risque en effet de favoriser la survenue d’une insuffisance cardiaque. Au même titre d’ailleurs que le diabète », précise le Pr Cohen Solal. Mais pas uniquement, « une maladie des valves non opérées, une affection des artères coronaires, une hypercholestérolémie, une consommation excessive d’alcool, de tabac, l’obésité, la sédentarité figurent parmi les principales causes de cette maladie. Enfin c’est une affection qui touche en majorité des personnes de plus de 65 ans. » 

Des signes peu évocateurs

Les signes de l’insuffisance cardiaque restent malheureusement peu connus du grand public. « Trop souvent ils sont assimilés à d’autres problèmes de santé car ils ne sont pas spécifiques. Afin de mieux les faire connaître, la Société française de Cardiologie a mis au point l’acronyme EPOF pour Essoufflement, Prise de poids, Œdème et Fatigue. Si un patient ressent deux à trois de ces signes, il doit s’en inquiéter et consulter son médecin. Car pris individuellement ces symptômes peuvent être confondus avec d’autres maladies. C’est d’autant plus important que nous savons parfaitement prendre en charge cette maladie. Laquelle sans traitement peut altérer la qualité de vie avec par exemple des difficultés à monter des escaliers ou à se lever de son lit. Mais aussi engager le pronostic vital. »

Une prise en charge de plus en plus performante

« Nous avons constaté depuis 20 ans des progrès absolument extraordinaires avec plusieurs thérapeutiques qui visent différentes cibles de la maladie. Très souvent un insuffisant cardiaque doit suivre une trithérapie voire une quadrithérapie. C’est ce que l’on appelle le traitement de fond reposant sur un inhibiteur de l’enzyme de conversion pour diminuer la tension artérielle, des bétabloquants qui ralentissent le rythme cardiaque et lui permettent de s’économiser. Mais aussi les gliflozines, des traitements développés pour le diabète et qui s’avèrent efficaces pour l’insuffisance cardiaque. Sans oublier un diurétique, le traitement symptomatique des œdèmes. Cette stratégie thérapeutique est recommandée aussi bien pour l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite que pour l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée. Cette dernière touchant majoritairement les plus âgés ». Notons que la fraction d’éjection correspond à la quantité de sang éjecté par le cœur à chaque battement cardiaque.

Bien entendu la prise en charge comprend l’hygiène de vie. « Nous conseillons à nos patients de suivre un régime alimentaire pas trop salé. Enfin l’activité physique est essentielle, elle n’a pas d’équivalent pour l’amélioration des symptômes et de la qualité de vie. »

Mieux vous informer

Comme l’a indiqué notre spécialiste l’insuffisance cardiaque résulte de nombreuses pathologies comme le diabète ou maladie coronarienne. C’est pourquoi le site « Maux croisés » propose de vous informer sur l’ensemble de ces affections : https://maux-croises.fr/.

Philippe Thébault, Président de l’Alliance du cœur : « L’insuffisance cardiaque se manifeste au quotidien par une extrême fatigue qui rend les activités de la vie quotidienne souvent difficiles. Pour les patients âgés en particulier, elle peut être vécue comme une fin car ils n’ont pas l’impression d’être malades mais tout simplement d’être vieux. Il nous faut pouvoir expliquer aux patients que des solutions existent et les inviter à engager le dialogue avec leur médecin pour éviter la décompensation qui est synonyme d’hospitalisation avec des conséquences beaucoup plus graves. L’Alliance du cœur accompagne les patients en organisant des groupes de parole, en les incitant à pratiquer une activité physique adaptée ainsi qu’en leur apportant des conseils alimentaires grâce à des recettes culinaires ».

  • Source : Interview du Pr Alain Cohen Solal

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet - Edité par: Vincent Roche

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