Insuffisance rénale : tout faire pour éviter la dialyse

10 mars 2021

La maladie rénale chronique touche 1 Français sur 10. Cette maladie, caractérisée par une altération des fonctions rénales, n’est pas dépistée assez précocement. Résultat, près de 50 000 patients se retrouvent en dialyse et 40 000 nécessitent une transplantation. Or nous disposons de tous les outils pour éviter d’en arriver à ce stade. A l’occasion de la Semaine nationale du rein, les explications du Dr Isabelle Tostivint Charestan, néphrologue à la Pitié Salpêtrière.

A quoi servent les reins ?

« C’est un tout petit organe le rein et pourtant il fait un travail extraordinaire », précise le Dr Isabelle Tostivint. « Il remplit tellement de missions vitales. Il (lave et) épure le sang, élimine les toxines, produit de l’érythropoïétine (hormone qui participe à l’augmentation du nombre de globules rouges), régule la tension artérielle, et le métabolisme du calcium en activant la vitamine D. » 

Qu’est-ce que l’insuffisance rénale ?

Malheureusement quand il se met à moins bien fonctionner, les conséquences peuvent être très importantes. « C’est le cas de l’insuffisance rénale, qui se traduit par une diminution des capacités du rein à nettoyer, et filtrer les toxines présentes dans le sang. On parle volontiers d’une maladie sournoise et silencieuse, dans la mesure où malheureusement il n’y a pas de signes précurseurs jusqu’à ce que 90% du rein soient détruits. »

A un stade plus avancé, le patient risque de ressentir « une grande fatigue, des nausées et un dégoût pour les viandes. Malheureusement, à ce moment de la maladie, nous devons débuter la dialyse ce qui entrave considérablement la qualité de vie. C’est pourquoi le dépistage est si précieux car on peut très bien vivre avec une insuffisance rénale chronique à un stade avancé sans en arriver à cet extrême. »  En effet, selon le Dr Tostivint, « des mesures dites de néphroprotection reposant sur l’alimentation et l’activité physique associées à des médicaments permettent d’éviter la dialyse. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui avec l’arrivée de molécules très prometteuses de protection des reins. » 

Qui dépister et comment ?

Le diabète, l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque sont autant de facteurs de risque. « Le dépistage doit donc s’adresser en priorité aux patients présentant ces facteurs ». Le Dr Tostivint le répète, « l’important pour éviter d’avoir besoin d’être dialysé, c’est de dépister, dépister et encore dépister ! Pour cela, il convient de mesurer trois paramètres importants : le taux de créatinine dans le sang, d’albumine dans les urines et la tension artérielle ».

Une priorité aujourd’hui tant les maladies chroniques comme le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires pèsent lourdement sur la fonction rénale. Et en raison du poids grandissant de ces maladies mais aussi du vieillissement de la population, le nombre d’insuffisants rénaux ne cesse d’augmenter. Chaque année, 11 000 nouveaux diagnostics d’insuffisance rénale sévère sont posés, dont un tiers n’avait pas été pris en charge auparavant. 

Sensibiliser davantage

Selon une enquête d’OpinionWay menée en partenariat avec AstraZeneca France, plus de la moitié des Français affirme mal connaître la maladie. Et parmi une liste de facteurs de risque de la maladie rénale chronique, seuls 14% des Français parviennent à identifier les bons facteurs de risque. Une sensibilisation d’autant plus alarmante que cette maladie est fréquente et affecte très lourdement la qualité de vie des patients. Dans sa phase avancée, elle oblige en effet à passer 12h à 14h par semaine en dialyse.

Le rôle des associations de patients est majeur dans ces actions de sensibilisation. L’association France Rein « œuvre entre autres pour représenter les intérêts des patients et de leurs proches auprès de l’ensemble des acteurs : institutions publiques, laboratoires pharmaceutiques, médecins… Notre mission consiste également à leur proposer des ressources d’informations fiables et pratiques pour les aider à mieux vivre avec leur maladie » indique son Président, Alain Trouillet. Pour davantage d’informations, rendez-vous sur le site de l’association France Rein : https://www.francerein.org/

  • Source : Dialyse péritonéale et hémodialyse : informations comparatives – HAS - Les Français et l’insuffisance rénale, enquête omnibus réalisée du 17 au 18 févier 2021, auprès d’un échantillon de 1005 Français âgés de 18 ans et plus, représentatifs de la population française au regard des critères de sexe, d'âge, de catégorie socio-professionnelle et de région de résidence - Interview du Dr isabelle Tostivint Charestan,17 février 2021

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Vincent Roche

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