Intoxication au mercure : la protéine qui protège le cerveau

20 octobre 2011

Deux équipes de l’INSERM et du CNRS ont identifié des protéines qui protégeraient contre la neurotoxicité du mercure. Ces agents que l’on appelle des chimiokines, ont en effet démontré leur efficacité à protéger le cerveau de souris, dont l’alimentation avait été contaminée au mercure.

Les pollutions chimiques et industrielles sont une inquiétude pour la santé humaine. Les métaux lourds représentent les agents les plus polluants et parmi ces derniers, le mercure figure en bonne place parmi les polluants toxiques. La catastrophe écologique et sanitaire de Minamata au Japon, est encore présente dans les mémoires… En 1953, les populations de cette région avaient été empoisonnées par le méthylmercure (MeHg) , un dérivé mercuriel qui agit sur les fonctions rénales et reproductive, ainsi que sur le cerveau. Au Japon donc, mais aussi dans le bassin amazonien, les populations amérindiennes et riveraines de certains fleuves ont été contaminées par le MeHg présent dans certains poissons (Aimara hoplias). Une étude menée en 2002 par l’INSERM, et portant sur les enfants du Haut-Maroni en Guyane française, a montré qu’il existe une association entre l’imprégnation au mercure et certains déficits cognitifs et moteurs.

A l’image d’une alarme…

Dans le cas d’espèce, les deux équipes françaises sont parvenues à reproduire chez la souris, l’intoxication alimentaire observée parmi les populations amérindiennes. « Une perte d’environ 30% des cellules nerveuses dans le cortex des souris contaminées a été observée, dès 3 mois de traitement avec des croquettes contenant de la chair de poisson péché en Guyane », soulignent les auteurs.

Le second aspect original de ce travail a porté sur le fait qu’une chimiokine, le CCL2, exerce un effet protecteur vis-à-vis de la neurotoxicité du mercure. « Les chimiokines sont de petites protéines connues initialement pour participer dans le système immunitaire, à la maturation et à la migration des leucocytes, en particulier au cours de l’infection et de l’inflammation », expliquent les auteurs.

Ces derniers ont montré par ailleurs, que le MeHg pouvait provoquer une neuro-inflammation et que la chimiokine agissait comme un système d’alarme neuroprotecteur. Ce travail mené par l’Unité INSERM 968 « Institut de la Vision » (Paris) et une équipe du CNRS de l’Université Bordeaux 1 et 4, permet de mieux comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de la toxicité du mercure. Reste à savoir si les études à venir, réalisées sur l’Homme, confirmeront ces résultats.

  • Source : Toxicological Sciences, 18 octobre 2011

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