Isotrétinoïne : encore trop de fœtus exposés
28 décembre 2021
L’isotrétinoïne, un traitement indiqué dans la prise en charge de l’acné, continue d’être pris par de trop nombreuses femmes enceintes. Une situation à déplorer dans la mesure où cette molécule expose à un risque très élevé de malformations graves du fœtus.
Alors que l’isotrétinoïne « ne doit en aucun cas être pris pendant la grossesse », comme le rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le nombre de grossesses exposées à ce traitement tératogène n’a pas diminué depuis 2010. Il y en a environ 175 chaque année. Un constat déploré par les rédacteurs du dernier numéro de la revue Prescrire.
« Malgré un programme de prévention (carnet-patiente, prescription initiale restreinte aux dermatologues, tests de grossesse obligatoires, etc.), le nombre de grossesses exposées à l’isotrétinoïne ne diminue pas en France », abondent-ils. Ce qui justifie que l’ANSM recommande « depuis mi-2021, de prescrire d’une part l’isotrétinoïne par voie orale (Procuta° ou autre) en deux temps pour laisser un temps de réflexion à la patiente ». Cela permet d’augmenter les chances qu’une femme en âge de procréer décide finalement de se tourner vers une autre option thérapeutique contre l’acné. Et « d’autre part une contraception d’urgence et des préservatifs masculins remboursables aux patientes sous contraceptif oral », décrivent les rédacteurs de Prescrire. Une façon d’augmenter l’efficacité de la pilule, qui n’est pas à elle seule infaillible.
Les raisons de ces mesures restrictives ?
Un quart des enfants exposés in utero à cette molécule sont atteints de malformations diverses (atteintes crâniofaciales, cardiaques et du système nerveux). « Des troubles du développement neuropsychique sont aussi observés depuis les années 1990 chez des enfants ayant été exposés in utero à l’isotrétinoïne, sans malformation visible à la naissance », décrit Prescrire. Une raison suffisante pour insister sur l’encadrement de cette prescription.
De plus, toujours pour les femmes placées sous isotrétinoïne, « une contraception d’urgence est justifiée en cas d’expulsion d’un dispositif intra-utérin et de rapport sexuel dans les quelques jours précédant l’expulsion », ajoute Prescrire. Là encore, il s’agit de réduire au maximum le risque de grossesse, même lorsqu’une contraception est en place, car celle-ci n’est jamais efficace à 100%.
Le suivi médical reste quant à lui essentiel tout au long de la prise de ce médicament.
A noter : L’isotrétinoïne expose femmes et hommes à des effets indésirables psychiques, avec un risque suicidaire surtout pendant les premiers mois de traitement et les premiers mois suivant l’arrêt du traitement.