Jeux d’asphyxie : repérer le moindre indice
26 octobre 2016
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Jeu de la tomate, du foulard ou encore du rêve bleu… Toutes liées à l’asphyxie, ces pratiques concernent les enfants de tous âges, dès la maternelle. Très dangereux, ils peuvent entraîner des séquelles voire provoquer la mort. Certains signes d’alerte peuvent mettre sur la piste les parents et les professionnels de santé.
Tous les jeux d’asphyxie repérés chez les enfants et les adolescents ont pour but de se priver d’oxygène pendant plusieurs secondes (minutes ?) pour obtenir des sensations extrêmes. Dans le cas du jeu de la tomate, le but est de devenir aussi rouge que le fruit. « Cette pratique procède d’une apnée et d’une manœuvre de Valsalva » ; expliquent les rédacteurs de Pédiatrie Pratique. « Ceci contribue à une augmentation de la pression intra-thoracique et une diminution du retour veineux céphalique, générant une hyperhémie, une érythrose faciale, voire un malaise. »
Le jeu du cosmos, comme le rêve indien ou le rêve bleu débutent par une phase d’hyperventilation en position accroupie. Ce qui provoque « une baisse de la pression artérielle en CO2, une vasoconstriction et une réduction du débit sanguin cérébral ». Cette première étape est suivie d’« un lever brutal entraînant une hypotension orthostatique associée à une apnée ou d’une compression thoracique par un tiers ». Résultat, une perte de connaissance, une syncope, souvent associée à des convulsions. « L’enfant est hagard, confus pendant plusieurs minutes », poursuivent-ils.
Enfin, le jeu du foulard, consiste en une compression des vaisseaux cervicaux à l’aide d’un lien autour du cou. Une hyperhémie et une érythrose du visage apparaissent. Puis, si la compression se poursuit, la rupture de petits vaisseaux capillaires se produit pouvant aller jusqu’à une perte de connaissance et des convulsions. « Si l’enfant ou l’adolescent était seul, l’apparition de troubles de conscience rend impossible la levée du lien, cette phase est irréversible et létale. »
Quels symptômes d’alerte ?
Certains symptômes sont évocateurs :
- Tout malaise survenant à l’école sans autre cause tangible ;
- toute céphalée persistante, répétée sans autre cause ;
- toute convulsion non fébrile survenant notamment à l’école, aux toilettes, dans la chambre de l’enfant après l’heure du coucher ;
- une modification inhabituelle de la voix en dehors de tout épisode infectieux ORL (raucité d’aggravation croissante) ;
- un enfant sortant de sa chambre ou des toilettes après avoir passé un moment seul, et semblant confus, désorienté, groggy.
Le comportement et l’environnement
Prêtez également attention à « une baisse inattendue des performances scolaires, des difficultés de concentration, de mémoire, une modification aiguë du comportement (enfant agressif), de l’humeur ou l’apparition d’une asthénie, de troubles du sommeil », précisent les rédacteurs de Pédiatrie Pratique. « Une attitude d’isolement, des modifications vestimentaires (port de col roulé, de foulard) pour masquer les traces de liens ou d’ecchymoses cervicales » doivent par ailleurs éveiller les soupçons.
Enfin, « la disparition de certains liens ou attaches, comme la laisse du chien, des tendeurs, une cravate, de leur emplacement habituel doit attirer l’attention », recommandent les rédacteurs. « Tout comme leur découverte en des lieux inhabituels, comme sur des crochets de fenêtre, une barre de lits superposés ou une poignée de porte. » Des bruits de chute dans la chambre de l’enfant, notamment s’ils se répètent fréquemment, ne doivent pas être négligés.
Informer les enfants
Ne craignez pas d’en parler à vos enfants, évoquer ces pratiques avec eux ne risque pas de les inciter. Les prévenir « du risque de handicap lié à des privations répétées en oxygène est souvent plus marquant que de parler de mort, dont le caractère irréversible sera acquis aux alentours de 9 ans », précisent les rédacteurs.
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Source : Pédiatrie Pratique, octobre 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet