JO de Pékin : risque de dopage lié à la consommation de viande
11 janvier 2022
A trois semaines de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à Pékin (Chine), l’agence antidopage allemande alerte : il existerait sur place, des risques associés à la consommation de viande contaminée à une substance appelée le clenbutérol. Au point d’exposer les athlètes à un contrôle positif… Explications.
A quelques jours des Jeux olympiques de Pékin (4-20 février 2022), nouveau rappel de la Nationale Anti Doping Agentur allemande (Nada) : « En Chine, il existe un risque accru de dopage involontaire lié à la consommation de viande susceptible d’être contaminée par une substance anabolique interdite : le clenbutérol », insiste la Nada, ce 10 janvier.
A l’origine, le clenbutérol est une molécule utilisée en médecine vétérinaire, pour la prise en charge d’affections respiratoires, telles que l’asthme, chez le cheval. Rapidement, son usage a été détourné car la substance est dotée de propriétés multiples. Au-delà de libérer les bronches et faciliter l’arrivée de l’air dans les poumons, elle est pourvue d’effets anabolisants : utilisée à hautes doses, elle augmente le développement des tissus musculaires tout en permettant la perte de masse graisseuse ! Un double atout susceptible d’augmenter les performances des chevaux de course par exemple. Mais aussi – et de façon toute aussi illégale – de faire gagner de la masse au bétail, avant de l’envoyer à l’abattoir. C’est ainsi que le clenbuterol peut se retrouver dans l’alimentation humaine à travers la viande commercialisée dans les boucheries. En Chine, mais aussi dans des pays d’Amérique centrale comme le Mexique et le Guatemala, selon la Nada.
Interdit dans l’alimentation humaine
A partir des années 80-90, les propriétés anabolisantes du clenbutérol ont aussi séduit des sportifs, bien que la substance figure sur la liste des produits interdits par l’agence mondiale antidopage. Ce fut le cas de l’athlète allemande Katrin Krabbe, spécialiste du sprint, positive au clenbutérol, en 1992. Mais aussi du cycliste Alberto Contador, chez qui des traces de cette substance ont été retrouvées dans les urines, lors du Tour de France 2010. L’Espagnol avait d’ailleurs évoqué une contamination alimentaire.
En France, dès 2008, des alertes de la direction générale de l’alimentation (DGAl) et de la direction générale de la santé (DGS) ont fait état de détournements d’usage par des culturistes – pour ses propriétés de prise de masse musculaire – mais aussi des adolescents, en quête d’effets amaigrissants. Or, le clenbutérol n’est « pas autorisé dans la composition de médicaments à usage humain », rappellera ensuite l’Agence nationale de sécurité sanitaire de santé (ANSM), dans une alerte de santé publique. De la même façon, l’importation, la préparation et encore la vente de produits en contenant, sont interdites en France depuis 2012.
Des dangers pour la santé
Et pour cause, l’agence précise que « le clenbutérol est une substance dangereuse qui présente des risques cardiaques graves ». Des remontées de pharmacovigilance mentionnent en effet la survenue de tachycardie, de tremblements, d’anxiété, d’hypersudation, de troubles digestifs, pour les signes cliniques. Et encore d’hyperglycémie pour les signes biologiques. Rien que ça…
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Source : Nationale Anti Doping Agentur (Nada), 10 février 2022 - ANSM, 15 février 2019 - Assemblée nationale, Question n° 81199, 11 janvier 2011 - Agence mondiale antidopage 15 juin 2011 – Sport et Vie, n°117 – Sport et Vie, Hors-série n°47.
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet