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Patch, pilule progestative, stérilet hormonal, en cuivre… Il existe plus d’une dizaine de contraceptifs pour les femmes. Et chez les hommes ? La Haute autorité de Santé reconnaît trois méthodes :
Selon les chiffres entre la moitié et deux tiers des grossesses non-désirées surviendraient malgré la prise d’un contraceptif. Parce qu’aucun d’entre eux n’est efficace à 100 % et leur efficacité, notamment la pilule, dépend d’une stricte observance.
Il apparaît donc majeur de développer de nouvelles techniques de contraception et notamment pour les hommes ; des techniques qui soient fiables, acceptables et peu contraignantes.
Alors que les scientifiques planchent depuis des décennies sur une pilule contraceptive pour les hommes, une formule a peut-être enfin été trouvée par le laboratoire américain YourChoice Therapeutics et son contraceptif masculin non-hormonal baptisé YCT-529.
Il s’agit d’un antagoniste du récepteur α de l’acide rétinoïque (RAR-α) ; non-hormonal, contrairement à d’autres pilules en développement. La vitamine A est utilisée par le corps humain dans de nombreux processus, dont la formation des spermatozoïdes. Pour agir, elle se fixe au RAR-α, indispensable à la spermatogénèse. En ciblant RAR-α, YCT-529 empêche le processus de se déclencher. La pilule s’était montrée efficace chez les souris, les chiens et les primates. Efficacité à 99 % chez la souris avec un retour total de fertilité après l’arrêt du traitement.
Toujours en cours de développement, les résultats du premier essai clinique de phase 1 ont été publiés dans la revue Communications Medicine le 22 juillet 2025. Cet essai visait à évaluer les éventuels effets indésirables du médicament chez 16 volontaires. La prise de YCT-529 n’a eu aucun effet sur la fréquence cardiaque, les hormones, la globuline liant les hormones sexuelles (SSH), les biomarqueurs inflammatoires, le désir sexuel ou l’humeur. D’autres tests, de plus grande ampleur, doivent encore être menés pour une mise en sur le marché d’ici plusieurs années.
Peu connue, il existe aussi une contraception hormonale ayant montré une efficacité reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé dans les années 90, mais pas par la Haute autorité de Santé : l’injection intramusculaire hebdomadaire d’énanthate de testostérone qui permet de bloquer la spermatogénèse. Mais les contraintes d’utilisation, l’efficacité jugée insuffisante et de lourds effets secondaires ont joué contre ce contraceptif.
Toujours dans le domaine des contraceptions hormonales, citons le gel transcutané de testostérone couplé à un gel progestatif. Appliqué quotidiennement sur les épaules et le dos, ce gel empêche la spermatogénèse. Toujours en cours de développement, il faudra encore attendre plusieurs années avant sa commercialisation.
La contraception thermique consiste à augmenter la température de 2°C des testicules où sont fabriqués les spermatozoïdes, ce qui empêche la spermatogénèse. Le dispositif Andro-swith, un anneau de contraception masculine thermique, pourrait être bientôt mis en vente. « L’anneau en silicone permet de maintenir les testicules proches du corps. La chaleur corporelle met en sommeil la production de spermatozoïdes en suivant le protocole de la contraception masculine thermique », explique la société Theorem qui a développé le concept. Déjà mis sur le marché, l’ANSM a interdit sa vente en 2021, l’anneau ne disposant pas d’un marquage CE, seul élément permettant de garantir son efficacité et sa sécurité d’utilisation. Une démarche de certification est en cours.
Le slip chauffant, quant à lui, (qui en réalité remonte artificiellement les testicules plus près du corps), « doit être portés pendant 15 heures d’affilée chaque jour, ce qui implique également un spermogramme de contrôle tous les 3 mois, pendant 2 ans, puis tous les 6 mois ; des contre-indications existent comme des antécédents de varicocèle ou d’orchidopexie… », tempère l’Association française d’urologie.
Plusieurs enquêtes ont déjà montré que nombre d’hommes sont prêts à supporter la contraception dans le couple. Selon une étude menée en 2021 en France chez des hommes majeurs hétérosexuels, 73 % se déclarent favorables à l’adoption d’une méthode de contraception masculine innovante en tant que contraception principale : 64 % en faveur de l’occlusion réversible des canaux déférents, 22 % en faveur de la contraception hormonale masculine et 13 % en faveur de la contraception thermique.
Source : AFU, Theorem, HAS, Communications Medicine, ANSM, Science Direct, PubMed
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet