L’appétence pour le sel se joue dès la naissance
05 janvier 2012
Hypertension artérielle, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral (AVC)… les dangers d’une consommation excessive de sel sont nombreux, et avérés. Pourtant, certains conservent le réflexe de resaler systématiquement leur nourriture, avant même d’y avoir goûté. Cette mauvaise habitude aurait-elle son origine dans la petite enfance ? Des chercheurs du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie, aux Etats-Unis, viennent de montrer que l’introduction précoce du sel dans l’alimentation des nourrissons aurait un impact sur leurs habitudes de consommation, plus tard dans la vie.
Ils se sont intéressés à 61 nourrissons de 2 et 6 mois, qui se sont vu proposer – – ces deux âges successivement- trois biberons différents. Le premier était rempli d’eau pure, sans adjonction de sel. Le deuxième contenait 1% de sel, soit le taux habituellement constaté dans les potages au poulet vendus outre-Atlantique. Le troisième enfin avait une teneur en sel de 2%, ce qui même pour un adulte, est un taux excessif.
Résultat, à deux mois les nourrissons ont en majorité rejeté les préparations salées. A six mois en revanche, une préférence très nette pour les biberons au goût le plus relevé a été observée, en relation avec une exposition antérieure à la saveur salée. Autrement dit, les 26 nourrissons déjà « initiés » au sel ont préféré les biberons salés. Les 35 bébés dans l’alimentation desquels le chlorure de sodium n’avait pas encore été introduit ont continué à rejeter les biberons des deuxième et troisième groupes…
Par la suite, les auteurs sont restés en contact avec les familles. Quelques années plus tard, sur les 26 bébés qui préféraient les liquides salés, 12 se sont avérés plus enclins à ajouter du sel de table dans leur assiette.
Les plats préparés en cause ?
Pourquoi certains bouts de chou sont-ils davantage exposés au sel ? La réponse tient en deux mots, « Plats préparés ». Selon les auteurs de ce travail en effet, ces produits comme les céréales pour bébé, le pain ou encore les biscuits contiennent souvent du sel ajouté.
Un goût immodéré pour le goût salé trouverait donc une partie de son origine dans la petite enfance. C’est une découverte d’importance, dans la mesure où notre consommation est toujours trop élevée. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a en effet fixé à 6 gr la consommation maximale de chlorure de sodium par jour. Pour réduire les risques de maladies cardiovasculaires, d’ostéoporose voire de certains cancers digestifs, il est important de ne pas dépasser cette limite. Or en France par exemple, la consommation quotidienne moyenne serait proche de… 10 g par habitant.
Pour les auteurs, ce constat est essentiel. Rien qu’aux Etats-Unis en effet, « une réduction de la consommation de sel pourrait prévenir plus de 100 000 décès par an, et des milliards de dollars en frais médicaux pourraient aussi être économisés »,.