L’arsenal contre le tabac s’enrichit

03 octobre 2006

Nous annoncions en janvier dernier, que la Food and Drug Administration (FDA) évaluait “en priorité” un nouveau médicament pour le sevrage tabagique. C’est chose faite. Et en Europe aussi, où la varenicline vient d’être homologuée.

Il ne s’agit pas d’un substitut nicotinique de plus. Pas davantage d’un antidépresseur spécialisé dans le sevrage tabagique. La varenicline est une sorte de leurre qui se fixe sur le même neuro récepteur (a4ß2) que la nicotine. Elle réduirait ainsi l’envie impérieuse de fumer et les symptômes de sevrage comme l’irritabilité, les troubles du sommeil, l’anxiété ou la dépression…

Le nouveau médicament sera commercialisé en Europe sous le nom de Champix. Son dossier clinique lui prête une efficacité supérieure à celle du placebo et du bupropion. Ce dérivé des amphétamines, commercialisé sous le nom de Zyban, est le plus récent des produits commercialisés pour aider au sevrage. La Revue Prescrire, qui a plusieurs fois déjà émis des réserves sur ce dernier, souligne la “balance bénéfices-risques défavorable (du Zyban) dans le sevrage tabagique“. Elle rappelle aussi que le rimonabant un autre “block-buster” en devenir, n’a obtenu “malgré les demandes de la firme, aucune autorisation de mise sur le marché, tant pour l’Union européenne qu’aux Etats-Unis, dans cette indication“. Il y a donc peu de recours médicamenteux contre le tabac.

Ses rédacteurs regrettent pourtant que le nouveau remède n’ait pas été évalué contre la nicotine. Car celle-ci reste à leurs yeux “le médicament de premier choix quand une aide médicamenteuse est jugée utile dans le sevrage tabagique.” Toujours est-il que le candidat au sevrage dispose aujourd’hui de deux options : soit les substituts nicotiniques (16% de patients abstinents à 1 an contre 10% avec le placebo, selon Prescrire) ; soit la varenicline (22% d’abstinents à 1 an contre 8% sous placebo). La comparaison paraît tentante, d’autant que le profil de tolérance annoncé pour le petit nouveau semble satisfaisant. La FDA évoque seulement une éventuelle toxicité cardiaque à long terme. Mais après tout c’est aussi le cas pour la nicotine… sans parler des risques autrement graves liés au tabagisme !

  • Source : Pfizer, 29 septembre 2006, La Revue Prescrire, Octobre 2006, Tome 26 n°276

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