L’île de Mayotte entre malnutrition, obésité… et chikungunya
05 décembre 2007
Cette semaine, les rédacteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) mettent le cap sur Mayotte. Ce petit bout de France au milieu de l’Archipel des Comores, est confronté à deux problèmes majeurs de santé publique : le chikungunya et une situation nutritionnelle paradoxale, associant malnutrition et obésité.
Mayotte rappelons-le, est une île de 376 km2 seulement, avec une population musulmane à 98%. Cette collectivité pauvre souffre de l’absence d’un dispositif de surveillance épidémiologique efficace. Avec toutes les conséquences sanitaires qu’une telle situation implique : la flambée de chikungunya en 2006 en est la dernière illustration.
En 4 mois, 40 000 résidents de Mayotte –l’île compte 180 000 habitants…- ont contracté la fièvre chikungunya. C’est considérable. Or l’évaluation de l’épidémie a été difficile. Pourquoi ? Tout simplement parce que le dispositif de surveillance passive mis en place par la Direction des Affaires sanitaires et Sociales (DASS) s’est révélé inefficace : 66 cas de chikungunya avaient été identifiés dans un premier temps. Soixante six cas… pour 40 000 habitants réellement infectés ! Il a donc fallu recourir à un autre outil épidémiologique -l’enquête communautaire clinique- pour approcher la réalité de la situation locale…
L’autre enjeu est l’état nutritionnel de la population. L’île présente en effet une malnutrition sévère de ses tout-petits, alors que le tour de taille des adultes ne cesse d’augmenter. Ainsi 10,5% des moins de 5 ans souffrent-ils d’une « insuffisance pondérale », 8,1% de « maigreur » et 6,7% d’un « retard de croissance staturale ». Chez les plus de 15 ans c’est le contraire, surtout parmi les femmes : plus d’un quart (27,4%) est obèse, un autre quart (28,1%) étant en surpoids. Les hommes enfin semblent mieux tirer leur épingle du jeu, avec 7,6% d’obèses et 24,8% de surpoids.
« La situation de Mayotte paraît typique d’une transition nutritionnelle par carence chez les enfants, et de malnutrition par excès chez les sujets de 15 ans et plus », relèvent les auteurs. Avant d’appeler à « la mise en oeuvre d’actions de santé publique en matière nutritionnelle ».