La chasse au cholestérol ? Pas seulement dans les aliments !
06 février 2004
Une délicieuse tartine de beurre est bourrée de cholestérol. Mais chacun d’entre nous possède aussi sa fabrique : le foie. Pourtant pour faire baisser le cholestérol, les médicaments qui agissent sur sa fabrication par le foie ne suffisent pas.
Il faut non seulement limiter les apports… mais aussi l’absorption du cholestérol par l’intestin. Cette chasse n’est pas facile. Car le cholestérol arrive dans le sang, fabriqué par le foie et absorbé dans l’intestin à partir des sels biliaires ! D’où l’intérêt d’organiser une véritable battue pour en venir à bout. Avant toute chose, la diététique est fondamentale. Tirez à vue sur les graisses animales apportées par l’alimentation. Ce n’est pas si difficile que cela. Évitez de consommer trop d’ufs – le jaune, c’est du cholestérol à l’état pur ! -, fuyez la charcuterie, optez pour le poisson plutôt que pour la viande, l’huile ou la margarine standard plutôt que le beurre. En principe, ces quelques mesures permettent de diminuer le cholestérol de 15%. Mais souvent, cela ne suffit pas pour ramener les chiffres dans la norme.
Il faut alors attaquer la synthèse du cholestérol par le foie. Des médicaments très efficaces – les statines – permettent de réduire les cadences de cette usine à cholestérol qu’est le foie. C’est là qu’il est fabriqué, et enrobé de protéines indispensables pour le rendre soluble dans le sang. Certaines protéines fabriquent du ” bon ” cholestérol, le HDL, qui ne se dépose pas dans les artères. Mais aussi du mauvais cholestérol, le LDL-cholestérol. C’est lui qui est responsable de la formation de plaques de graisses dans les vaisseaux, puis des maladies cardiovasculaires. La baisse du cholestérol grâce aux statines peut atteindre 20% à 50%. Mieux encore : non seulement elles font baisser le LDL de 25% à 50%, mais elles augmentent le ” bon ” cholestérol – le HDL – de 5% à 12% !
Malgré tout, il arrive souvent que ce ne soit pas encore suffisant. Nul mystère à cela. Le cholestérol sanguin provient de deux sources : la fabrication par le foie et l’absorption par l’intestin. Or, le cholestérol absorbé au niveau de l’intestin est en en majorité d’origine biliaire, une partie seulement provenant de l’alimentation. C’est dire que même si vous n’en absorbiez plus un seul gramme, vous en auriez encore dans le sang !
C’est là que s’ouvre un 3ème front dans la chasse au cholestérol : le blocage de son absorption par l’intestin, ce que les spécialistes appellent la ” double inhibition “. Un tout nouveau médicament récemment autorisé par l’Agence européenne pour l’Évaluation des Médicaments (EMEA), l’ezetimibe, permet ainsi de bloquer les deux sources principales de cholestérol.
Lorsqu’il est associé à un traitement en cours par statine, l’ezetimibe réduit de manière significative le LDL-cholestérol, par rapport à la réduction observée avec une statine seule. Une réduction comparable à celle obtenue avec les plus fortes doses autorisées de statines.
Ainsi cerné de toutes parts, le cholestérol finira bien par se rendre. Mais il ne faut pas l’abattre. Si le cholestérol est en grande partie responsable de l’hécatombe due aux maladies cardiovasculaires, il est aussi indispensable à la vie dans sa forme LDL. Seulement, point trop n’en faut.