La chronothérapie : traiter au meilleur moment
13 février 2023
En cancérothérapie, il est désormais admis que l’efficacité de certains traitements peut varier selon l’heure d’administration. D’autres maladies pourraient aussi bénéficier de cette chronothérapie. De quoi s’agit-il exactement ? Où en sommes-nous ?
Toutes les fonctions du corps oscillent au cours d’une journée, selon un cycle de 24 heures appelé rythme circadien. Plus précisément, nos cellules adaptent leur activité à notre horloge interne. « C’est ainsi que notre niveau d’éveil, l’intensité de nos contractions intestinales ou encore notre température corporelle varie en fonction de l’heure », décrit l’Inserm. La chronothérapie a pour but de tirer parti de cette variation de nos fonctions organiques afin de rendre chaque médicament plus efficace.
La cancérothérapie en pointe
Depuis une dizaine d’années déjà, les scientifiques ont constaté que selon l’heure d’administration de la chimiothérapie, son efficacité ainsi que sa toxicité sont plus ou moins majorées. Car si « ces traitements s’attaquent aux cellules cancéreuses, ils sont aussi toxiques pour les cellules saines », rappelle l’Inserm. C’est pourquoi prévenir les effets indésirables est aussi un enjeu majeur dans ce domaine.
Les scientifiques ont donc cherché à savoir quel était le moment où les cellules saines d’un patient se révélaient le moins sensibles aux molécules de chimiothérapie. « En traitant lors de cette fenêtre temporelle, il devient possible de minimiser les effets secondaires et donc d’augmenter la dose de chimiothérapie pour éliminer encore plus efficacement les cellules cancéreuses », poursuit l’Institut. Un double effet positif dans la lutte contre un cancer.
A noter que « l’heure optimale pour administrer une chimiothérapie varie largement d’un patient à l’autre, en fonction de son sexe mais aussi de spécificités génétiques ».
Et la douleur chronique
Puisque tous les organes sont ainsi soumis à notre horloge biologique, d’autres maladies pourraient aussi bénéficier de la chronothérapie. Plusieurs travaux se sont ainsi intéressés à la prise en charge de la douleur chronique par exemple.
L’équipe de Claude Gronfier, du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, a ainsi découvert que l’intensité de la douleur était bien contrôlée par notre horloge interne. Dans le détail, celle-ci « oscille sur 24 heures avec un pic la nuit et une baisse dans l’après-midi indépendamment de toute stimulation extérieure et du cycle veille-sommeil », précise l’Inserm.
Par conséquent, l’administration d’un « traitement antalgique en tenant compte du rythme biologique de chaque individu, pourrait accroître son efficacité tout en réduisant la dose nécessaire et les potentiels effets indésirables ». Mais des essais cliniques restent nécessaires pour confirmer cette hypothèse avant de proposer cette approche aux patients.
A noter : l’épilepsie, la stéatose hépatique ou encore dégénérescence maculaire liée à l’âge font partie des nombreuses pistes envisagées pour la chronothérapie.